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arts et ne reconnaître d’autres distinctions que celles des talens. » Au reste, le rôle de l’assemblée était limité, par le décret de la Convention, à la question des attributs. L’Académie est aussitôt mise en cause par « un membre, » qui n’est pas nommé, lequel fait observer que la salle des réunions de l’Académie « provisoire » était fermée, il semblait qu’elle fût encore réservée à un corps privilégié. Ce qui paraissait d’autant plus extraordinaire que ce corps était virtuellement détruit par la réunion générale des artistes. En conséquence, il demandait que cette salle fût ouverte et que l’Assemblée y tînt séance. Il y eut une minute de délire, dont le procès-verbal porte trace : le mot « applaudi » a été biffé après coup, mais on peut encore le lire. Au reste, deux membres insistent, et ce sont Sergent et David, dont les noms ont été également rayés. David présenta « cette ligne de démarcation comme un reste d’aristocratie qu’il falloit détruire. » Il ajouta, en indiquant la salle d’un geste tragique, que, puisque « c’était là la Bastille de l’Académie, il fallait s’en emparer. » L’assemblée, d’un mouvement unanime, leva la séance et alla siéger dans la salle de l’Académie « provisoire. »

Lesueur donne alors lecture d’un discours, que le secrétaire dit être très énergique et tendant à consacrer les principes d’égalité, de droit et de liberté qui conviennent aux Beaux-Arts. Ce il est pas tout à fait l’ordre du jour indiqué par Garat ; aussi, lorsque Sergent demande l’impression de ce discours, on passe outre. Enfin il s’agit de savoir si tout le monde pourra prendre part au vote, ou s’il faudra prouver qu’on professe les Beaux-Arts, et, comme il en est ainsi décidé, on procède à l’élection du président. Sur 206 votans, 50 voix vont au citoyen Dardel, 42 à David, 38 à Vien, 12 à Sergent, 12 à Boizot père, 12 à Regnault, 10 à Vincent. Le deuxième tour de scrutin donne 80 voix à Dardel, qui est élu, et 23 à David. On peut supposer que David ne pardonnera pas cet échec à la Commune générale. Il lui est d’autant plus sensible que, si la Commune a une existence propre, elle le doit à David : à la première occasion, elle le verra bien.

La Commune va se préoccuper des intérêts généraux de l’art et des intérêts particuliers des artistes. Lui demander de contribuer à détruire les vestiges d’un « passé odieux, » c’est bien, et la Commune générale des Arts y collaborera avec patriotisme. Mais ce qui est mieux, c’est que, grâce à elle, les mutilations se