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tous, s’ils ont, avec modération, du reste, rempli la mission dont le décret du 4 juillet les avait investis, ces artistes ne semblent pas avoir satisfait les démagogues. On les accuse d’être des aristocrates, et, à partir du jour où cette grave accusation est portée, la Commune des Arts est condamnée à mort. Aristocrate, la Commune des Arts ? Qu’on le prouve, il s’agit bien de cela ! Le mot a été prononcé : il suffit, et Sergent aura beau s’ingénier à démontrer le contraire, les artistes auront beau décider que désormais le public assistera aux séances et qu’on demandera aux sociétés populaires d’envoyer des délégués, ce « repaire d’aristocratie » est destiné à disparaître !


IV

Nos procès-verbaux accusent une lacune de deux mois. Que s’est-il passé entre le tridi de la 1re décade du 2e mois de l’an II (24 octobre) et le 3 nivôse (23 décembre) ? Tout ce que nous savons, c’est que la Convention supprima par décret la Commune des Arts, comme une simple Académie, et que la Société Populaire et Républicaine, ayant pour président Bienaimé et pour vice-président Allais, lui succéda. Le Moniteur du 12 brumaire an II (2 novembre) dit que devant le Conseil général de la Commune de Paris, le 9 brumaire, « une députation de la Commune des Arts déclare au Conseil que, se conformant au décret qui supprime cette assemblée, les artistes, jaloux de veiller à la conservation des monumens des arts, se réuniront en société populaire et publique, sous la dénomination de Société Républicaine des Arts.

« Le Conseil applaudit aux vues de ces citoyens et leur donne acte de leur déclaration. »

Plus tard, le 3 germinal, Sergent demande à être reçu en qualité de membre de la nouvelle société. Il explique alors les motifs qui l’en ont tenu éloigné jusque-là. « Ce fut moi, dit-il, qui vous appris que le décret qui constitue la Commune des Arts étant rapporté, je vous proposais de vous rétablir sous le titre de la Société Populaire des Arts ; la malveillance s’étoit plu à répandre que je voulois être le meneur de cette Société ; je crus alors, pour vous et pour moi, qu’il étoit utile de m’abstenir d’assir, ter à vos séances ; maintenant que vous-même vous vous êtes