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III

La Commune générale des Arts a-t-elle le sentiment qu’on la surveille ? Se juge-t-elle perdue, si elle ne se fait toute petite ? Le 10 septembre 1793, elle redevient la Commune des Arts. En perdant un mot, elle ne change pas de caractère, et, visiblement, elle est de plus en plus académique.

Ce même jour, 10 septembre, la discussion s’ouvre sur le point de savoir ce que sont devenus les papiers qui intéressent la Commune des Arts, depuis l’origine. On a vite fait de généraliser et on décide que, ces papiers, on les réclamera aux présidens et secrétaires de la Commune, et, par extension, de toutes les sociétés qui intéressent les arts. La Commune a la prétention, qu’elle ne cache bientôt plus, d’être seule à représenter la collectivité des artistes. Garnerey, qui a joué un rôle dans la première Commune des Arts, offre de remettre les pièces qu’il a conservées, et qui formeront le fonds des archives.

Un archiviste est nommé. La Commune des Arts ne s’en tient pas là. Rien de ce qui concerne les artistes ne doit être réalisé sans son concours officiellement réclamé par la Convention ou par le Comité d’Instruction publique. Au besoin, elle rappelle son existence par l’envoi de délégués, et il n’est pas une séance où des commissaires ne soient nommés, avec des missions déterminées. Les purs y trouvent, du reste, à redire, et ce mot est prononcé par Miger à propos de certains commissaires : « C’est une petite Académie déjà formée au milieu de la Commune... (séance du 13 septembre). » Quand il s’agit de juger des concours pour les prix de l’année, on observe que, si c’est une commission qui les juge, « l’intrigue et la cabale » auront beau jeu. Que la Commune tout entière soit appelée à se prononcer ! Et d’abord, sur quels principes s’appuiera-t-on ? La Commune doit décider qu’il est des principes immuables. Plusieurs séances sont consacrées à la discussion de ces principes, discussion confuse où tous les lieux communs surgissent dans le tumulte d’une assemblée, animée sans doute de bonnes intentions, mais médiocrement préparée à son rôle.

Les artistes de la Commune, s’ils ont élargi leur cadre, s’ils ont forcé les portes du Salon à s’ouvrir toutes grandes devant