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Des discussions assez confuses s’élèvent dans la séance du 8 floréal, qui sont reprises le 12 et le 28 floréal, mais on y aperçoit deux choses essentielles : 1° le désir de la Société de fermer la porte à quiconque n’est pas réellement un artiste ; 2° son désir, plus vif encore, d’un rapprochement avec les membres des anciennes académies. Ceux-là mêmes qui ne tombent pas d’accord avec la majorité, sur ces deux points, témoignent en tous cas de leur volonté de travailler enfin avec méthode, sur des ordres du jour déterminés à l’avance, et de façon que l’opinion publique ne s’éloigne pas davantage d’une Société qui lui apparaîtra alors sous son jour véritable. Et, comme nous l’avons vu déjà à trois reprises, la première chose à faire, c’est de transformer le titre de la Société, qui deviendrait de nouveau la Commune des Arts ! C’est le dernier paragraphe du dernier procès-verbal arrivé jusqu’à nous.


VI

N’y a-t-il pas quelque chose d’instructif et de véritablement touchant dans les efforts de cette société d’artistes, essayant, sous divers noms et par différens systèmes, d’échapper aux vices qu’elle reproche à l’Académie royale, — pour lesquels celle-ci fut abolie, — et qui retombe dans les erremens identiques, sans voir qu’ils tiennent à l’existence même de toute assemblée du même ordre ?

À ce point de vue, l’histoire de la Commune générale des Arts et de ses succédanées, est symbolique de la Révolution elle-même, et le symbole s’impose avec une vivacité d’autant plus saisissante que l’Art est le domaine le moins facilement gouvernable à coups de votes et par le suffrage des majorités. « Le vice essentiel des Académies est d’avoir un goût dominant, » affirment nos artistes révolutionnaires : voilà donc l’écueil auquel ils cherchent à échapper. Leur souci en est attendrissant. La Commune des Arts en arrive à ne pas oser nommer des commissaires pour juger les concours et distribuer les prix, car « ce serait une petite Académie sujette à l’intrigue et à la cabale. » Il faut que la totalité des sociétaires prononce. Mais quoi !... Comment obtenir de cette foule des jugemens qui aient quelque cohérence, qui puissent dégager certaines règles générales et