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Debout dans le giron de la Vierge Marie,
Il m’accueille et m’absout d’un geste, en souriant,
Et, comme les bergers et les rois d’Orient,
Plein d’amour, devant lui je m’agenouille et prie.

Mon cœur, ce soir, au cœur d’un enfant est pareil.
Je suis sûr que sur moi le pardon va descendre,
Comme jadis, mettant mes souliers dans la cendre,
J’étais sûr d’y trouver des jouets, au réveil.

O douceur ! Le petit Jésus a la puissance
De faire refleurir, avec un seul regard,
L’enfantine candeur dans l’âme d’un vieillard ;
Et, dans un vieux coupable, une jeune innocence I



De puissans malfaiteurs, en ce temps trop vanté,
S’acharnent, furieux, contre l’œuvre féconde
De Celui qui, — voilà vingt siècles, — dans ce monde,
Fonda la plus sublime école de bonté.

En plus d’un lieu, déjà, — spectacle lamentable ! —
L’herbe de l’abandon pousse au pied de la Croix.
Ils veulent à présent, par leurs iniques lois.
Éloigner nos enfans du Dieu né dans l’étable.

Pousseront-ils plus loin leur labeur criminel ?
Fermeront-ils bientôt l’église, — après l’école ?
L’an prochain, — que sait-on ?... la rage les affole... —
Entendrons-nous encor les cloches de Noël ?

Mais la haine est stérile et son œuvre éphémère
Ils n’auront rien fait, rien, tant qu’un pauvre petit.
Devant un Christ orné d’un brin de buis bénit.
Répétera, naïf, les mots dits par sa mère.