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personne, — de ce conteur émancipé de toutes règles, original et primesautier, qui n’a d’autres guides que ses instincts de poète et d’observateur de la nature. Il n’est pas de livre qui prête mieux à l’illustration : la diversité même des sujets appelle la diversité d’interprétation, et les talens les plus différens peuvent y concourir. Les dessins et les aquarelles de M. Henri Morin ornent cette élégante édition. Ce sont, au contraire, les célèbres compositions de Fragonard, de Lancret, de Boucher, Oudry, Eisen, que l’on retrouve dans les Contes et Nouvelles[1] de La Fontaine, publiés par la librairie Tallandier, dans une édition qui rappelle, de très loin, celle du temps de Fouquet, et qu’aucune ne saurait surpasser dans l’illustration du texte, puisqu’elle relie si bien l’inspiration des artistes à celle de l’œuvre et rassure la pudeur alarmée par le tour licencieux en déguisant les circonstances avec circonspection. Ce qui fait la grâce de ces choses-ci, n’est-ce pas la manière de les dire et de les peindre ?

C’est aussi de l’Arioste, de nos fabliaux du moyen âge, de Rabelais, de Montaigne, et de tous les ancêtres de La Fontaine en gauloiserie, que Balzac s’est inspiré dans ses Contes drolatiques[2], qui ne sont point uniquement bagatelles, comme disait le bonhomme de ses Contes que Mme de Sévigné goûtait de préférence aux Fables, mais récits de haute liesse, et, point seulement parce qu’ils sont imités du vieux français et écrits dans la langue de Pantagruel, ne sauraient convenir qu’à quelques-uns. Tout se tient. et marche d’ensemble dans cette publication, texte et dessins ; ceux-ci, de A. Robida, l’artiste ingénieux qui se prête admirablement à ces curiosités de mise en scène, et qui est toujours si fertile en ressources, en trouvailles spirituelles, dans sa verve aussi fantaisiste qu’intarissable.

Ceux qui aiment les aventures émouvantes, les terribles drames, auront de quoi contenter leur goût dans les Brigands[3] de M. Frantz Funck-Brentano, qui, après avoir tracé une peinture générale des principales catégories de brigands qui ont paru dans notre histoire : routiers, pirates et gens des grandes compagnies, flibustiers et chauffeurs, a essayé de caractériser quelques-uns des brigands français ; de nos plus sympathiques brigands : Gilles de Rais, le Barbe-Bleue de la légende du XVe siècle, Guilleri, Cartouche, Mandrin, Schinderhannes, le bandit de Rhin-et-Moselle, que la France a, paraît-il, le droit de revendiquer. Le livre a été composé d’élémens empruntés en partie aux documens inédits conservés dans nos archives et dans nos bibliothèques,

  1. Librairie illustrée.
  2. Librairie illustrée.
  3. Hachette.