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presque exclusivement agricole : aussi a-t-il annoncé qu’il protégerait particulièrement les produits de l’agriculture. Ce sont là de belles promesses, mais il faut attendre les actes. La seconde grande affaire annoncée par M. Giolitti est la conversion de la rente 4 4/2 pour 100 et de la rente 5 pour 100 : elles doivent produire an total une économie de 46 millions. La troisième enfin, beaucoup plus contestable dans son principe et plus inquiétante dans ses conséquences, est l’exploitation éventuelle des chemins de fer par l’État. On voit que M. Giolitti ne laissera pas chômer le Parlement. Son programme est de ceux qu’on ne réalise pas dans une année, ni dans deux. Nous avons parlé du Midi et de ses revendications. M. Giolitti promet de lui faire des chemins de fer, de hâter les travaux d’assainissement en cours d’exécution et la construction de l’aqueduc des Pouilles, d’étendre sa sollicitude à la Basilicate et de lui donner un régime spécial. M. Luzzatti est allé plus loin, et, dans le remarquable exposé financier qu’il a fait à la Chambre, il a parlé d’un système qui pourrait diminuer de moitié les dettes des villes méridionales. Voilà beaucoup de choses 1 Rarement ministère a présenté un programme plus touffu. Tout le monde sera servi à son tour, s’il s’accomplit dans son entier. Aussi, presque tout le monde a-t-il accueilli un gouvernement qui se présentait les mains aussi pleines : les déceptions, s’il y en a, ne se produiront que plus tard.

M. Giolitti devait dire un mot de la politique extérieure : il l’a fait sobrement, mais très nettement, en parlant des « rapports de cordiale amitié » qui existent avec la France et l’Angleterre. Il y a lieu d’espérer que ces rapports, en ce qui nous concerne, iront toujours en se resserrant. Le nouveau ministère italien est animé d’excellentes dispositions ; il en trouvera chez nous d’analogues. Tout aujourd’hui permet de croire que son assiette est stable : les épreuves qu’il a traversées victorieusement sont devenues une garantie pour l’avenir. Ces épreuves tenaient d’ailleurs à des questions de personnes. Sur le fond des choses, il n’y a rien de changé en Italie, et M. Giolitti sera, dans tous les sens du mot, le continuateur de M. Zanardelli. Il est seulement plus jeune et plus entreprenant.


En sera-t-il de même en Espagne, où M. Maura vient de succéder à M. Villaverde ? Ici encore, nous ne sortons pas du même parti : les conservateurs sont au pouvoir et y restent. Il semble donc qu’il n’y ait entre M. Villaverde et M. Maura qu’une substitution d’une personne à une autre. Au point de vue religieux, M. Maura a des tendances plus