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REVUE MUSICALE

LA RÉFORME DE LA MUSIQUE D’ÉGLISE

Le 4 août dernier, quand le Conclave, par un vote qu’on n’attendait pas, donna pour successeur au Pape Léon XIII le cardinal Sarto, les musiciens ne furent pas les derniers à se réjouir. Une cause qui leur est chère deux fois, étant deux fois sacrée, avait trouvé naguère dans le patriarche de Venise un de ses plus fervens et de ses plus heureux défenseurs. On aimait à penser que le Pontife universel s’en déclarerait bientôt le juge unique et souverain. C’est aujourd’hui chose faite. En cette importante matière, le nouveau Pape a confirmé, bien plus, étendu ses promesses anciennes et rempli toutes les espérances. « In peritiâ suâ requirentes modos musicos. » Recherchant lui aussi dans sa sagesse les modes de la musique. Pie X a déjà mérité l’hommage que rendait l’Ecclésiaste aux chefs du peuple de Dieu.


Les instructions pontificales sur la musique ecclésiastique sont contenues dans un Motu proprio, qu’une lettre au cardinal-vicaire accompagne. L’un et l’autre forment la suite et comme l’épanouissement de la lettre pastorale publiée par le cardinal Sarto en 1895, et qui fit alors dans le diocèse de Venise assez de bruit et beaucoup de bien. L’esprit de ces documens peut se résumer en un seul principe, en une volonté unique et fortement exprimée : il faut que la musique à l’église redevienne d’église.

Aucune loi sans doute ne paraît plus naturelle, plus simple et plus juste ; aucune pourtant n’était depuis longtemps plus oubliée ou méconnue. « Rien, aux termes du Motu proprio, ne doit se rencontrer