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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/727

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LA ROUTE DE SAINTE-HÉLÈNE
LES DERNIERS JOURS DE NAPOÉON
EN FRANCE

I
LA MALMAISON


I

Trois jours après l’abdication, le 25 juin 1815, l’Empereur se détermina à aller attendre à la Malmaison le moment de son départ pour Rochefort. Il y trouva la princesse Hortense, qui avait quitté Paris la veille afin de tout préparer dans ce château inhabité depuis la mort de Joséphine. La petite suite de Napoléon s’installa dans les chambres, trop nombreuses pour elle, du premier étage. Il y avait le Grand-Maréchal Bertrand, les généraux Gourgaud et Montholon, le chambellan de Las Cases, les officiers d’ordonnance Planât, de Résigny, Saint-Yon, les quelques fidèles qui s’étaient offerts à former dans l’exil la Maison de l’Empereur. Le service d’honneur et de sûreté était assuré par trois cents grenadiers et chasseurs du dépôt de la vieille Garde établi à Rueil et par un piquet de dragons de la Garde. Bientôt les visiteurs se succédèrent : les princes Joseph, Lucien et Jérôme, le duc de Bassano, Lavallette, le duc de Rovigo, qui avait pris la résolution de s’expatrier avec l’Empereur, le général de Pire, le général Chartran. L’Empereur était profondément triste, mais non abattu. Il exprima à chacun sa ferme résolution de partir pour Rochefort dès que l’ordre d’appareiller aurait été envoyé aux frégates qui devaient le conduire en Amérique. Avant