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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/802

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nous, Français, qui possédons dans le Pacifique tout un réseau d’iles que les Australiens convoitent, nous nous félicitions.

Autour de la massive Australie, sont rangées en demi-cercle, comme des satellites, d’autres colonies ou d’autres possessions britanniques. La Nouvelle-Zélande, de climat tempéré, a étonné le monde par sa croissance rapide et par sa prospérité merveilleuse ; avec Sydney, Auckland est l’une des métropoles anglo-saxonnes du Pacifique Sud ; l’une et l’autre sont reliées à Vancouver, dans la Colombie britannique, par des services réguliers qui, tous les quinze jours, font la traversée et touchent aux Fidji et à Tahiti. Les Fidji et, tout autour d’elles, des myriades de petites îles, étendent, vers le Nord, les domaines de la Grande-Bretagne et achèvent d’entourer d’un chapelet de terres anglaises notre Nouvelle-Calédonie et l’archipel contesté des Nouvelles-Hébrides. Le groupe des Salomon, presque sous les tropiques, est une dépendance géographique de la Nouvelle-Guinée, cette île immense, la plus grande du monde, encore presque inconnue, dont les Anglais occupent la partie Sud-Est, qui borde le détroit de Torrès. Port-Moresby est la capitale d’un pays brûlant et humide, dont les forêts abondent en essences précieuses, dont le sol est fertile, le sous-sol riche en métaux, mais qui est à peu près inhabitable. La portion hollandaise, à l’Ouest, possède les meilleurs ports et les plateaux les plus salubres ; l’Allemagne, au Nord-Est, a un domaine montueux, rude et dépourvu de ports. De Bornéo, la Grande-Bretagne ne possède qu’une fraction dont elle a concédé l’exploitation à la Compagnie à charte du Nord-Bornéo. L’intérieur de l’île, couvert de forêts vierges, est à peine connu ; mais le port de Labouan, où les Anglais sont établis depuis 1846, occupe, entre Singapour, Hong-Kong et les ports de l’Australasie, une position très avantageuse ; l’on y exploite une houille médiocre, mais néanmoins précieuse. Les Chinois, à Labouan comme à Sarawak, sont les seuls travailleurs dont on puisse attendre d’utiles services ; ils sont envahissans et, là où ils se sont établis, ils ne tardent guère à supplanter les indigènes, mais ils sont paisibles, laborieux, ponctuels, industrieux ; déjà, à Bornéo, tout le commerce est entre leurs mains ; c’est eux seuls qui pourront un jour mettre en valeur toutes ces terres tropicales.

A l’autre extrémité du Pacifique, le Dominion du Canada ouvre, comme les États-Unis, l’une de ses deux façades sur le