impératrice de Russie, une autre reine de Suède, et une troisième allait devenir, par la grâce de Napoléon, reine de Bavière. Mais ni le prestige ni les galanteries du grand homme n’avaient désarmé la margrave Amélie.
Ce fut de la plus mauvaise grâce du monde qu’elle maria son fils, le prince héritier de Bade, — elle était veuve elle-même depuis 1801, — à Stéphanie de Beauharnais ; — il lui fut plus dur encore de céder le pas à sa belle-fille, de par la volonté de Napoléon, qui voulait assurer la préséance à sa fille adoptive. Et même la nouvelle galanterie de Napoléon qui accorda à la margrave Amélie un douaire respectable de 120 000 florins, quatre fois plus élevé que celui qu’elle tenait de son beau-père, l’électeur de Bade, ne put lui faire accepter de bon cœur, ni sa nouvelle alliance, ni l’introduction, en plein milieu allemand, des allures françaises et du sans-façon de sa belle-fille Stéphanie.
Femme d’esprit, au reste, comme disait Napoléon, elle s’entendait, — sans céder grand’chose, — à accueillir les avances de l’Empereur des Français, et à utiliser l’espèce de crédit qu’elle avait sur lui. Il est certain, toutefois, que lorsque approchèrent la délivrance et le revirement de 1813, elle s’entendit mieux encore à prendre sa revanche contre sa belle-fille française, et accueillit avec autant de dignité, mais beaucoup plus de joie, les égards que lui témoigna son gendre, l’Empereur Alexandre.
En Bavière et en Wurtemberg, les princes royaux protestaient plus ou moins discrètement contre la politique bonapartiste et française de leurs pères.
Le prince Louis de Bavière, qui était filleul de Louis XVI, était à l’état de rupture presque ouverte avec les ministres du roi, particulièrement avec Montgelas. Il boudait, ne paraissait jamais à Munich, et sa bouderie prenait la forme d’une protestation contre la domination française. Ce n’était pas qu’il y apportât un sentiment de patriotisme ombrageux. Il avait écrit naguère, il écrivait encore à Napoléon des lettres qui ne témoignaient pas d’une dignité fort susceptible. Il demandait, comme une faveur, d’être admis à admirer de plus près le souverain illustre, le grand homme ; mais il se laissait aller, en même temps, au penchant ordinaire d’opposition des héritiers présomptifs.
Il avait servi dans les rangs de l’armée française, et ne l’avait quittée qu’à la suite de graves démêlés avec Lefèvre, jugeant