Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les huiles minérales, auparavant consommées presque exclusivement par les classes pauvres, participent, depuis une quinzaine d’années surtout, à l’éclairage de luxe intérieur. L’huile de schiste se classait dans cette catégorie et sa production était encouragée en France par l’Etat ; mais elle a été supplantée par l’huile de pétrole épurée, qui est l’huile minérale presque uniquement consommée maintenant. Le pétrole nous est fourni par la Russie, l’Amérique du Nord et les Indes néerlandaises ; mais des gisemens, plus ou moins importans, existent en maints endroits : en Roumanie, voire en France ; ils y seront peut-être régulièrement exploités plus tard.

Le gaz produit par la distillation de la houille fut longtemps le seul destiné à l’éclairage ; mais, à côté de lui, plusieurs autres gaz d’éclairage prennent place maintenant :

Le gaz à l’eau, obtenu par la décomposition de l’eau en présence du coke ou du charbon de terre en ignition, est déjà mélangé en proportions plus ou moins considérables au gaz de houille dans plusieurs usines d’Angleterre, d’Allemagne, de Belgique etc. On ne l’a pas admis à Paris par crainte de sa toxicité, car il contient de 15 à 30 pour 100 d’oxyde de carbone.

L’acétylène est obtenu en décomposant par l’eau le carbure de calcium. Ce corps coûtait autrefois fort cher ; mais, grâce à MM. Moissan et Bullier, qui ont inventé un procédé de fabrication industrielle consistant à fondre, dans un four électrique, un mélange de chaux et de charbon pulvérisés, on fabrique le précieux carbure maintenant à très bas prix. L’odeur alliacée de ce gaz et les craintes d’explosion des récipiens où il se forme ont nui à sa vulgarisation ; mais il est déjà très employé.

Le gaz riche est fourni par l’ampélite, le boghead, le cannel coal, les schistes bitumineux ou les lignites d’Allemagne. On peut également le préparer à l’aide du bois ou de la tourbe, calcinés en vase clos à haute température. A part d’assez rares exceptions, il n’est pas livré directement aux consommateurs ; on n’en fait généralement usage que pour enrichir le gaz de houille distillé d’après les procédés ordinaires.

Le gaz à l’air, qui n’a pas jusqu’à présent été fabriqué en grand, n’est que de l’air sec saturé de gazoline ou d’essence de pétrole. Son faible pouvoir éclairant et la nécessité de ne jamais exposer les conduites où il circule à des températures inférieures