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l’hectowatt-heure, prix infiniment moindre qu’à Londres et qu’à Paris ; aussi y a-t-il 7 300 électro-moteurs.

On n’a pu nous indiquer le nombre des abonnés pour la lumière de la Société berlinoise électrique ; mais on nous a déclaré que sa puissance actuelle d’alimentation était supérieure à 400 000 lampes de 16 bougies et qu’elle en desservait environ 330 000 à incandescence et 2 500 à arc. La situation financière de cette entreprise est bonne ; elle distribue de 10 à 13 pour 100 de dividendes, ce qui prouve que les tarifs très bas qu’elle pratique sont néanmoins rémunérateurs.

En dehors de l’électricité et du gaz, on consomme encore à Berlin, pour l’éclairage des habitations, une assez forte quantité d’huile de pétrole ; elle est évaluée à 75 000 kilogrammes par an. Nombre de ménages d’ouvriers ne brûlent encore que du pétrole, à cause de la modicité de la dépense.

Mais voici que les électriciens berlinois espèrent arriver bientôt à réaliser des installations électriques peu dispendieuses comme frais de premier établissement et à doter en même temps les logemens ouvriers de lampes d’une consommation moitié moindre que celle des lampes usitées à présent. Ils veulent ainsi conquérir la clientèle ouvrière.

S’ils obtenaient ces résultats, leur procédé ne tarderait pas à s’étendre, et ce serait, dans toutes les grandes villes d’Europe, à Paris et à Londres comme à Berlin, une évolution mémorable des industries de l’éclairage. La lumière serait presque exclusivement demandée à l’électricité, tandis que le gaz, perdant son pouvoir éclairant et gagnant un pouvoir calorifique supérieur, ne servirait plus qu’au chauffage ou à la cuisine, et peut-être encore aux petits moteurs industriels. Théoriquement, tout cela n’a rien d’impossible ; mais nous croyons qu’il s’écoulera encore quelque temps avant la réalisation des espérances des électriciens.


GASTON CADOUX.