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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/615

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J’espère que vous aurez été content du testament de mon père ; il est digne du frère de l’Empereur. »


Pendant le séjour du prince en Angleterre, ses préoccupations ne l’empêchent pas de s’intéresser à ce qui se passe soit à Genève, où une insurrection venait d’éclater, le 7 octobre 1846, soit dans le reste de la Suisse, troublée par les luttes sanglantes du Sonderbund.


« Les événemens de Genève, écrit-il de Brighton le 18 octobre, m’ont vivement inquiété, car j’ignore le rôle que vous y avez joué. Je crains que vous ne vous soyez trouvé dans une position embarrassante[1] ; aussi il me tarde bien d’avoir de vos nouvelles : écrivez-moi bientôt. »


Le 12 décembre 1847, il écrit de Londres au général Dufour, pour le complimenter sur l’heureuse issue de la guerre civile.


« Je viens de recevoir votre lettre du 7 décembre, au moment où j’allais moi-même vous écrire pour vous féliciter d’avoir si promptement et si habilement terminé une lutte qui aurait pu devenir funeste pour la Suisse, si elle se fût prolongée. Vous ne doutez pas, j’espère, de tout l’intérêt que je portais à vos opérations et combien j’ai été heureux de voir l’énergie, l’humanité et la modestie dont vous avez fait preuve. Aussi tout le monde s’est plu à faire votre éloge, même ceux dont les opinions étaient opposées à la Diète.

Ici, les journaux en général ont été défavorables à la cause de la Diète, et ils ont prétendu que les excès commis à Fribourg l’avaient été par les troupes fédérales. Cependant le correspondant du Times a écrit des articles qui ont fait sensation et qui étaient favorables à la cause fédérale. »


Mais nous voici en 1848. La révolution de Février a renversé Louis-Philippe. Le neveu de l’Empereur prépare son entrée en scène. Son nom sort de l’urne au mois de juin ; toutefois, cette élection n’est pas ratifiée par l’Assemblée. Le 16 août, Louis-Napoléon entretient Dufour de l’hésitation, réelle ou feinte, qu’il éprouvait à laisser porter sa candidature pour les élections nouvelles qui devaient avoir heu en septembre.

  1. Louis-Napoléon avait deviné juste. Dufour, voyant que l’aigreur des partis allait faire couler le sang, refusa le commandement des troupes, la responsabilité lui paraissant trop lourde.