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La famille des langues sémitiques, qui a aussi son berceau en Asie et comprend notamment l’hébreu, le syriaque et l’arabe, ne pouvait échapper aux investigations des modernes évangélistes. Qui n’a entendu parler de l’Université de Beyrouth, fondée par les Jésuites et qui rend entre autres de si grands services aux études médicales en Syrie ? Les Pères y ont organisé un enseignement des langues orientales, et annexé une bibliothèque riche en manuscrits anciens, et une imprimerie, d’où sortent des éditions de grammaires, dictionnaires, et de classiques arabes et syriaques qui, au dire des hommes compétens, ont une réelle valeur scientifique. Il faut mentionner hors de pair les éditions d’auteurs arabes du P. Cheiko, l’édition de la plus ancienne version syriaque des œuvres de saint Grégoire de Naziance par les PP. Bollig et Gismondi. Enfin, les Dominicains n’ont pas voulu rester en arrière et ils ont fondé en 1890 l’École biblique de Saint-Étienne à Jérusalem. Là, dans un asile de paix, on étudie, sous la direction de savans orientalistes dont le premier fut Mathieu Lecomte, l’archéologie biblique et les langues orientales, nécessaires à l’interprétation des textes originaux ou des anciennes versions des Saintes Écritures : l’hébreu, le chaldéen et le syriaque[1]. C’est le lieu de mentionner les travaux du P. Scheil sur les cylindres babyloniens. Son plus beau titre de gloire c’est d’avoir déchiffré, le Code d’Hammourabi (1902).

Les langues sémitiques forment le trait d’union entre l’Asie et l’Afrique, car elles ont été portées jadis par les conquérans et le sont aujourd’hui par les marchands arabes, dans toutes les parties de l’Afrique, où s’est propagé l’Islam. D’ailleurs, ce sont des idiomes parens que l’on parle en Égypte, en Nubie et en Abyssinie. Commençons par ceux-ci :

Lepsius, le savant égyptologue, a traduit l’Évangile de Saint-Marc en dialecte fadidja pour les Nubiens et d’autres ont transcrit l’antique version copte des Psaumes et des Évangiles en caractères arabes à l’usage des Coptes. Quant à l’Abyssinie, ce sont les missionnaires allemands déjà cités, Isenberg et Krapf, qui ont inauguré les travaux linguistiques en composant une grammaire

  1. Cette école publie une « Revue internationale des Études bibliques, » très appréciée dans le monde savant.