Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/672

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et un vocabulaire des langues amhara, danakil et galla (1839-1842). Leurs successeurs anglais et américains ont, avec le concours de la Société biblique de Londres, fait des versions de la Bible en amhara, des quatre Evangiles en tigré et en falacha et de Saint-Marc, à l’usage des Juifs de Kara (près Metamné).

Mais ce n’est que dans une minime fraction de ce continent qu’on parle des idiomes sémitiques ; la presque-totalité est peuplée par des noirs, appartenant à cinq grandes races, subdivisées en plusieurs centaines de famille, et parlant 438 langues et 153 dialectes différens. Qu’on ajoute à cela certaines contrées, telle que la Côte de Sierra-Leone et Libéria, habitées par un ramassis de nègres, descendans d’aïeux transportés il y a des siècles comme esclaves en Amérique, qu’on n’a pu rapatrier dans leur tribu d’origine, et qui parlent un dialecte mêlé de vingt patois différens, et l’on se représentera les difficultés inouïes que cet immense clavier de langues présentait aux virtuoses de la Mission. Eh bien ! ils ne se sont pas laissé décourager : catholiques et protestans, de toute nationalité, se sont mis bravement à étudier ces idiomes d’autant plus difficiles, qu’ils étaient à l’état de devenir, qu’il a fallu en préciser les flexions, et que, sauf un seul, ils n’avaient point d’alphabet[1]. Les uns ont dû d’abord adapter l’alphabet latin ou arabe à ces langues et, comme on la dit, inventer de nouveaux signes phonétiques ou syllabiques pour des sons propres à telle ou telle tribu. Ensuite, ils se sont mis, à l’envi, à traduire les Evangiles, les Psaumes, la liturgie, parfois la Bible entière en langue vulgaire. Aidés, enfin, par la Propagande romaine ou par la Société biblique britannique et étrangère, ils ont fait imprimer et vendre à bon marché ces livres de prières et ces textes sacrés.

En présence du grand nombre des travaux philologiques, composés par des missionnaires sur les langues de l’Afrique, nous renverrons aux Polyglottes africaines du docteur Cust, du docteur Kœller[2]et nous nous contenterons de citer les suivans. Les dialectes des nègres du Congo ont été étudiés par les Pères Autunès, Bonnefoux et Lecomte, dont les travaux ont été imprimés par la typographie des Pères du Saint-Esprit à Counéné (Congo).

  1. Le dialecte veh, parlé par un groupe de Soudanais, habitant la Côte de l’Or, est le seul chez lequel on ait trouvé des signes d’écriture. Voir H. N. Cust : A skelck of the modem languages of Africa, Londres, 1883, 2 vol. in-8o.
  2. Voyez la Polyglotta Africana du Dr Koeller.