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Ce sont les Pères Jésuites qui ont fait les meilleurs livres sur les idiomes de Madagascar, par exemple la grammaire malgache des Pères Ailloud et Caussèque, et le dictionnaire français-malgache et malgache-français des Pères Malzac, Abinal et Callet. Quant aux versions des Écritures, ce sont surtout les missionnaires protestans qui s’en sont occupés ; la Société biblique britannique et étrangère n’en a pas publié moins de quatre-vingts, et il y en a certainement beaucoup d’autres qui sont encore manuscrites[1]. Nous citerons, entre autres, la Bible entière en sé-souto (langue des Bassoutos), traduite par MM. Arbousset, Casalis et Mabille, la Bible entière en malgache, les quatre Évangiles en mandingue (transcrits en lettres arabes), les Évangiles de Saint-Marc et Saint-Jean, en kaoussa par le Rév. Robinson (transcrits en arabe), les Évangiles et la Genèse en berbère (en lettres arabes, sous presse), le Nouveau Testament en langue kabyle (transcrit en caractères latins).

Nous serons brefs pour les travaux linguistiques des missionnaires en Amérique et en Océanie, parce que la démonstration de notre thèse doit être à peu près faite pour nos lecteurs et que, d’ailleurs, la population aborigène de ces deux continens décroît si rapidement devant le flot envahisseur des émigrans, de race blanche, qu’on peut prévoir son extinction, sauf dans les pays où se fait le croisement des deux races. Mais l’œuvre des évangélistes n’en est que plus admirable, puisqu’ils ont conscience de ne pas travailler pour un long avenir.

On sait que les langues de l’Amérique du Nord se partagent en deux groupes très différens : celles des Esquimaux, qui habitent le Groenland, le Labrador et l’Alaska et celles des Peaux-Rouges. Le premier a exercé la sagacité de Hans Egede qui retrouva le Groenland. À l’aide de son fils Paul et du morave Albert Top, il a traduit le Nouveau Testament en esquimau-groenlandais, l’œuvre a été continuée par les missionnaires moraves et aujourd’hui une grande partie de l’Ancien Testament est traduite et imprimée. La Bible entière a été traduite par des Moraves, en esquimau du Labrador et mise en caractères latins.

On sait que John Eliot, l’apôtre des Peaux-Rouges de la Nouvelle-Angleterre, avait traduit (en 16S9) le Nouveau Testament dans le dialecte des Indiens campés sur les rives du fleuve Charles ;

  1. 98e rapport de la Société biblique britannique et étrangère, Londres, 1902.