Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/863

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

années de l’Empire, livré tout entier à ses travaux scientifiques et à l’exploitation de sa terre. Il publia, en 1860, l’Économie rurale de la France depuis 1789. C’est, avec l’Essai sur l’agriculture en Angleterre, l’œuvre la plus considérable de Lavergne. Mais il ne faut pas croire qu’en l’écrivant, il ait eu l’intention de faire un pendant à son premier travail et d’en renouveler le succès. Il avait trop d’esprit pour ne pas savoir qu’on ne réussit guère deux fois dans le même genre. Le sujet tout différent lui avait d’ailleurs été fourni par l’Académie des sciences morales elle-même ; elle avait désiré qu’il traitât l’importante question de l’influence de la Révolution française sur l’agriculture.

Voici sa conclusion appuyée par les raisons les plus fortes : Il rend justice aux principes nouveaux introduits dans nos lois par la Révolution ; il déclare qu’ils ont été favorables à l’agriculture, mais il ajoute que les excès de tout genre qu’on a eu à déplorer pendant la période révolutionnaire en ont retardé le bienfait, qui ne s’est produit que lorsque la séparation s’est faite entre les bonnes et les mauvaises conséquences de la Révolution.

Un peu avant cette publication, et dans l’ordre des études agricoles, Lavergne faisait paraître, en 1857, un livre important : l’Agriculture et la Population, suite d’articles publiés dans la Revue des Deux Mondes, à propos de l’Exposition de 1855. Un des premiers, sinon le premier, il y a de cela un demi-siècle, il poussait un cri d’alarme en signalant à l’attention générale cette grave question de la dépopulation de la France qui préoccupe aujourd’hui les pouvoirs publics. Dans une savante dissertation, il analysait les causes du mal et y proposait des remèdes qui malheureusement n’ont pas été mis en pratique.

Il écrivait également une intéressante introduction aux voyages d’Arthur Young.

Puis, revenant à la politique, il publiait une brochure sous ce titre : la Constitution de 1852.

Une autre œuvre plus considérable parut en 1863. C’est l’Histoire des assemblées provinciales sous Louis XVI, créées pour faire contrepoids au pouvoir sans contrôle qu’avaient exercé jusqu’alors les intendans.

En même temps, Lavergne publiait une Galerie des économistes français au XVIIIe siècle, suite de monographies où l’on voit défiler tour à tour l’abbé de Saint-Pierre, Quesnay, le marquis de Mirabeau, Turgot, Dupont de Nemours, toutes