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physionomies aussi remarquables par leurs lumières que par leur originalité.

Bien d’autres productions moins importantes, éparses dans les Revues du monde savant, sont sorties de la plume de Lavergne. La liste en serait trop longue pour être rapportée ici. Elle n’aurait d’autre intérêt que de faire ressortir l’activité infatigable et la rare facilité de l’écrivain. Au milieu de ces travaux si nombreux, si variés, il trouvait encore le temps de correspondre avec ses amis, M. Guizot ; M. de Tocqueville, M. Vuitry, M. de Quatrefages, et tant d’autres. Une circonstance intéressante fut sur le point de faire sortir Lavergne de sa laborieuse retraite. Bien qu’il fût pleinement satisfait d’avoir vu ses travaux récompensés par le titre de membre de l’Académie des sciences morales et politiques, beaucoup de ses amis auraient voulu le voir entrer à l’Académie française. Ampère lui écrivait à ce sujet une lettre pressante. D’autres académiciens éminens, Montalembert, l’évêque d’Orléans, Guizot surtout, très influent alors à l’Académie, l’encourageaient dans cette voie. Mais, un de ses amis ayant manifesté l’intention de poser sa candidature, il s’effaça devant lui, et, depuis, la politique d’abord, la maladie ensuite, le liront renoncer à ce dessein.

Le 4 septembre lui rouvrit d’une façon inattendue la vie politique. Il était dans sa terre de Peyrusse, gémissant sur les malheurs de la patrie et désolé de ne pouvoir rien pour elle, lorsqu’on février 1871, il apprit par une dépêche de Bordeaux qu’il avait été élu par le département de la Creuse député à l’Assemblée nationale. Il ne s’était pas présenté ; il n’avait fait aucune profession de foi ; personne n’avait soutenu sa candidature ; et cependant son nom, par une entente tacite des électeurs, s’était trouvé sur presque toutes les listes. Hommage spontané de ses compatriotes d’adoption, auquel il fut très sensible et dont il devait dans son testament leur témoigner sa gratitude.

Il partit immédiatement pour Bordeaux, où l’Assemblée se réunissait, et prit une part active à ses travaux. L’état de sa santé ne lui permit pas d’aborder souvent la tribune ; il en ressentait une fatigue extrême ; pourtant, dans les années 1872 et 1873, il a prononcé d’importans discours sur le budget, sur le recrutement de l’armée, sur la nomination des maires, sur les impôts et, en particulier, l’impôt sur le revenu.

C’est surtout dans les commissions que sa compétence