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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/903

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AU PAYS DE GALLES

Comme la proue d’un navire submergé, la masse montagneuse de Galles recueillit la fortune des premiers maîtres de l’île, après le naufrage de leur domination. L’Ecosse m’avait inspiré le désir de visiter cet autre asile d’un passé héroïque, d’observer cette vieille race, sœur de notre Bretagne armoricaine. Je me serais contenté sans doute de regarder sa vie présente et d’y associer les images que, dans le décor de la nature, suggèrent les ruines à nos yeux et les souvenirs à notre pensée, si je n’avais eu l’avantage, en passant à Oxford, d’être présenté au professeur Rhys, principal de Jesus College et le plus notoire celtisant de l’Université. Il venait de publier, en collaboration avec M. David Brynmor-Jones, un livre érudit sur le Peuple Gallois[1]. Toutes ces recherches d’ethnographie, de philologie, d’histoire constitutionnelle et religieuse, m’entraînèrent, — à travers un dédale obscur parfois, hélas ! et compliqué, — le long des périodes révolues. D’avoir ainsi remonté le cours des siècles, mes impressions et mes réflexions se trouvèrent animées du mouvement même de l’histoire et ordonnées suivant la loi qui fit évoluer le drame de la destinée galloise.


I

Vers le soir, nous entrons dans le pays de Galles par Chester. Le changement d’aspect coïncide avec le déclin du jour, qui

  1. The Welsh People, by John Rhys and David Brynmor-Jones. Londori, E. Fisher Unwin, 1900.