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REVUE DRAMATIQUE


THEATRE-ANTOINE : Oiseaux de passage, comédie en quatre actes, par MM. Maurice Donnay et Lucien Descaves. — RENAISSANCE : le Mannequin d’osier, pièce en quatre actes et huit tableaux, par M. Anatole France. — VAUDEVILLE : l’Esbroufe, comédie en trois actes, par M. Abel Hermant.


Nous aimons les histoires de brigands. Il y en a pour tous les âges. Dans celles qui s’adressent aux enfans, le brigand est représenté comme un être très méchant, affublé d’un grand manteau, armé jusqu’aux dents et qui arrête les diligences. En prenant des années et gagnant de l’expérience, nous nous formons du brigand une conception différente. Nous voyons en lui le révolté, le réfractaire, l’irréconciliable ennemi d’une société pharisienne, et nous lui savons gré d’avoir si résolument déclaré la guerre à la morale conventionnelle et à l’hypocrisie sociale. Tel était, par exemple, le brigand byronien et romantique, hôte de la montagne, et qui avait pour complices la foudre et le torrent. Le type ayant un peu vieilli, nous lui en avons substitué un autre, mieux en accord avec la marche du progrès et capable d’intéresser des esprits munis de culture philosophique : c’est le nihiliste. Nous vivons dans un temps où, comme chacun sait, les âmes sont passionnées de justice et éperdues de bonté. Or les nihilistes n’ont embrassé la carrière, toute de dévouement, du meurtre et de l’incendie, que pour remplir un devoir supérieur. Ils assassinent par humanité, travaillent par le crime à la réconciliation des peuples, et aident par la terreur à l’avènement du bonheur universel. Ils nous viennent du pays des romans russes ; leur propagande est humanitaire, internationaliste et scientifique ; que leur manque-t-il pour nous plaire ? En mettant à la scène une étude de leurs mœurs et de leurs