Les relations épistolaires entre Mme de Maintenon et Mme de Caylus ne se bornaient pas à l’envoi de petits vers. Une véritable correspondance s’échangeait, de l’appartement de Mme de Caylus, où Mme de Maintenon ne pouvait venir se reposer aussi souvent qu’elle l’aurait souhaité, à celui de Mme de Maintenon, où Mme de Caylus n’était pas admise aussi souvent qu’elle le demandait, car aux heures, où le Roi y travaillait avec quelqu’un de ses ministres, personne n’y pouvait plus pénétrer. Cette correspondance a été conservée. Elle est pleine de charme. Il est impossible de déployer plus de grâce et de gentillesse que ne le fait Mme de Caylus, dans ses protestations de dévouement et de service. « Je m’offre de tout mon cœur, dit-elle, sans considérer que je suis née offerte. » Et dans une autre lettre : « Pour moi, ma chère tante, je ne vous offre point ce qui est autant à vous que je suis, et je serois bien malheureuse si vous croyiez que j’eusse un plus grand plaisir[1]. « Dans une autre encore : « Je réfléchis sur votre semaine, et ne saurois la trouver bien ordonnée qu’il n’y ait un peu plus de la petite nièce. Pourquoi n’en pas vouloir quelquefois avec la petite famille ? Elle seroit aussi hébétée au jeu que vous la voudriez ; elle travailleroit si sagement ; elle écouteroit ou feroit la lecture avec tant de plaisir ; enfin (et c’est peut-être bien là la meilleure raison pour la faire recevoir), elle partiroit au moindre signe. Si vous voulez la laisser au monde, elle vous assure sans hypocrisie qu’elle retrouvera pour lui encore plus de temps qu’il ne lui en faut. Elle ne voit après tout que les Cabales qu’elle voit assez avec vous, ou ces maréchaux de France qui ne la charment pas au point de ne pouvoir s’en passer. Elle craint les ministres ; elle n’aime point les princesses. Si c’est le repos que vous lui voulez, elle n’en trouve qu’avec vous. Si c’est sa santé, elle y trouve son régime et sa commodité ; en un mot, elle trouve tout avec vous et rien sans vous. Après ce sincère exposé, ordonnez, mais non pas en Néron[2]. »
Est-il vrai que Mme de Caylus préférât la société de Mme de Maintenon à celle des maréchaux de France (entendez Villeroy) ? N’y a-t-il pas quelque exagération dans l’expression de ces sentimens ? Cela est possible. Si Mme de Caylus était « née offerte, » elle était aussi née coquette. Or, la coquetterie, chez certaines femmes, ne passe jamais. Elle ne fait que changer de forme et surtout