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Hanovre, et par les débats du Landtag rentré en session depuis le 12 novembre.


III

Moustier, ayant trouvé dans ses tiroirs le projet de traité d’août, auquel il ne manquait que la signature, ne doutait pas que Bismarck ne s’empressât de la donner. Il espéra même le succès d’une seconde négociation sur la question romaine, en vue de garantir la suzeraineté du Saint-Père et de fermer irrévocablement à l’Italie les portes de Rome. Göltz entra dans ce dessein et il aida Moustier à rédiger un projet de traité dont l’article premier disait : « Les hautes parties contractantes s’engagent à se prêter réciproquement aide et appui pour garantir la suzeraineté du Saint-Père sur ses États, et empêcher qu’il y soit porté aucune atteinte. » Les puissances devaient intervenir pour obtenir du Pape les fameuses réformes qu’on lui demandait depuis tant d’années, et que depuis tant d’années il refusait d’accomplir. En sorte que le projet de convention devait être aussi désagréable au Pape qu’à l’Italie. De Thile, auquel on le soumit avant l’arrivée de Bismarck à Berlin, se récria que Goltz n’avait été nullement autorisé à y participer, et que l’étendue des engagemens qu’on proposait à la Prusse ne lui semblait pas proportionnée à l’importance qu’elle pouvait attacher à la question romaine. Moustier insista. « Le gouvernement, écrivit-il à Benedetti, attache le plus haut prix à la signature immédiate de cette convention. Sa Majesté considère cette entente comme un heureux prélude aux rapports plus intimes qu’elle désire voir s’établir entre les deux gouvernemens. Un si heureux accord sur des questions d’un ordre aussi élevé doit mener nécessairement et indispensablement à s’entendre sur celles dont la solution satisfaisante est devenue pour nous une incontestable nécessité politique. »

Benedetti reprit donc les deux négociations. Bismarck, languissant, fatigué, ne lui déguisa pas son déplaisir d’être ramené à ces débats : il n’avait pas eu le temps de pressentir son roi ; il savait seulement l’hostilité du prince royal. Il se jeta dans les faux-fuyans, les lenteurs calculées, et fit comprendre, aussi clairement que cela se pouvait sans le dire, qu’on le laissât tranquille, et que cette fois encore il ne voulait pas nous écouter. Cependant il assura qu’il ferait son possible pour obtenir bientôt