Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

militaires, de les proportionner graduellement au chiffre de nos habitans, et de nous résigner à l’effacement avant qu’une crise n’éclate, ce qui rendrait plus grave et plus douloureuse la résignation nécessaire ? Le cœur saigne devant un pareil avenir. N’y a-t-il pas au contraire un moyen, pour un pays démocratique comme le nôtre, d’obtenir un meilleur rendement des dépenses militaires, non seulement en effectuant ces économies possibles, auxquelles nous avons fait allusion, mais surtout en rendant les dépenses plus profitables par la création d’un organisme militaire supérieur ?

Il est évident qu’il y a là une période de réformes par laquelle nous devons fatalement passer et qui sera profitable, si elles ont pour but la force militaire du pays ; désastreuse, si elles sont guidées par l’intérêt politique. En elles se résume du reste notre dernier espoir ; elles nous permettront peut-être d’attendre l’heure où, après avoir traversé un minimum, le mouvement de notre population reprendra, espérons-le, sa marche ascensionnelle.

Nous ne sommes pas en face d’une hypothèse ; nous sommes en présence de faits indiscutables ; et seuls les esprits téméraires pourraient ne tenir aucun compte des enseignemens qu’ils comportent. Il faut renoncer à suivre simplement la progression de dépenses que supporte si facilement l’adversaire, grâce à l’augmentation naturelle de ses richesses et de sa population, mais tâcher de l’égaler cependant par une meilleure utilisation des ressources. Si nos ressources financières sont, d’une façon absolue, connues et limitées, elles peuvent être augmentées relativement par ce procédé. C’est le seul moyen, tout en sauvegardant l’existence nationale, de ne pas suivre les sacrifices faits par l’étranger pour la prochaine lutte, et dont l’énorme accroissement, qui dépasse si notablement notre effort, a été signalé, dès 1895, par le lumineux rapport de M. Jules Roche.

Ressources financières limitées, nécessité d’économies et d’un emploi plus judicieux de nos moyens, tel est le résumé des observations que suggère nécessairement cet examen sommaire de nos disponibilités pécuniaires.

Voyons maintenant, en étudiant les ressources humaines, c’est-à-dire le nombre des combattans que fournit à la nation l’apport dégressif des naissances, puis des contingens, enfin des effectifs annuels, si nous n’aboutirons pas à des considérations analogues.