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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/571

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UN PEINTRE AU JAPON.

taine. Cette école est une institution de l’État. On y est admis après examen, mais le nombre des étudians est limité. Ils ne payent rien ni pour la pension, ni pour les livres, ni pour le vêtement ; mais, en échangeais doivent, munis de leurs brevets, servir dans l’enseignement cinq années de suite. L’examen de sortie est difficile, la discipline rigoureuse et toute militaire, si bien que l’étudiant breveté qui quitte l’école est déjà, un soldat. Il ne passe qu’une année au régiment. Jamais en classe ne se produit une distraction ni un chuchotement, l’étudiant interpellé par le maître se lève en répondant avec une énergique netteté, presque déconcertante par le contraste avec le silence et la retenue des autres.

Le département des femmes, où se forment une cinquantaine de futures institutrices, occupe un quadrangle à deux étages tout à fait isolé des autres bâtimens et invisible au milieu des jardins. Ces jeunes filles ne sont pas seulement initiées à la science européenne, mais à tous les arts japonais : broderie, décoration, peinture, arrangement des fleurs.

Le dessin européen est admirablement enseigné ici comme dans toutes les écoles japonaises, mais toujours combiné avec les méthodes du pays. L’habitude de tracer les caractères chinois, si compliqués, contribue de bonne heure à l’éducation de l’œil et des doigts.

Attachée à l’École normale et se reliant par une galerie au Chugakko, une grande école primaire, à laquelle s’ajoute un Khidergarten, réunit les élèves des deux sexes. Les classes y sont faites par les étudians, hommes et femmes, qu’un entraînement pratique prépare ainsi au service de l’Etat. Rien de joli comme cette foule de tout petits enfans d’une gentillesse de poupées, les garçons en kimono gros bleu, les petites filles en robes de toutes couleurs avec le hakama bleu ciel, — car l’obligation de porter l’uniforme ne commence que plus tard, — tous courbés sur des feuilles de papier d’un noir de charbon qu’ils noircissent encore à grands traits d’encre de Chine, l’encre humide ressortant suffisamment sur l’encre sèche. C’est la leçon d’écriture. Dans une autre chambre, les enfans apprennent à manier les ciseaux d’une seule pièce en forme d’U, découpant ainsi des fleurs et des symboles. Ils ont aussi une classe de chant où le professeur accompagne les voix avec un accordéon. Le chant national éclate : Kimi ga yo wa. D’heure en heure, dix