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ministérielle concernant les permissions, les officiers mariniers embarqués sur ce navire ne jouissent pas de la considération à laquelle ils ont droit. Alors que tous les navires mettent des canots à la disposition des officiers mariniers pour la descente à terre et pour la rentrée à bord, le commandant de ce croiseur oblige ces serviteurs d’élite à faire à pied le trajet des apponte-mens à la ville et, pour marquer son peu de considération pour les seconds maîtres qui servent sous ses ordres, il les envoie à terre une demi-heure plus tard que sur les autres navires et, naturellement, le retour à bord a lieu le matin une demi-heure plus tôt.

« Nous avons reçu de nombreuses plaintes au sujet de la nourriture à bord de ce croiseur. Nos correspondans nous affirment qu’elle est insuffisante et de mauvaise qualité.

« Nous signalons tous ces faits à l’autorité supérieure pour qu’elle avise. »

… C’est ce que faisaient, en 1790, 91, 92, les clubs toulonnais, lesquels devinrent si puissans qu’ils firent condamner à mort, en mai 1793, le capitaine de vaisseau Basterot, sous les prétextes les plus futiles. Il est vrai que son commandement était convoité par un de leurs amis qui, effectivement, l’obtint.

Pourtant MM. les officiers mariniers[1] du Richelieu ne sont point d’accord sur leurs griefs et, le surlendemain, on lit dans le journal la lettre que voici :


« Monsieur le rédacteur, la note que vous avez publiée hier sur la situation des officiers mariniers à bord du Richelieu a produit parmi eux une certaine émotion. Il est possible que certains d’entre nous soient mécontens, mais comme la grande majorité des officiers mariniers est, au contraire, satisfaite, nous ne voudrions pas que notre commandant pût croire un seul instant que la note en question est l’expression des sentimens de tous.

« Une seule chose peut donner lieu à quelques récriminations de notre part, c’est l’obligation de se trouver à bord, le matin, à six heures trente : comme le Richelieu se trouve très loin aux appontemens, nous avons pour nous y rendre vingt-cinq minutes environ de chemin, ce qui nous fait donc entrer

  1. Le terme d’officiers mariniers, qui date de l’ancien régime, s’applique aux seconds maîtres (sergens), aux maîtres (sergens-majors) et aux premiers maîtres (adjudans).