volonté était la même de part et d’autre, était-il au-dessus des moyens de la diplomatie de lui donner tout son effet ?
Avec ses péripéties diverses, cette séance montre que notre monde politique n’est peut-être pas tout à fait inaccessible aux bons conseils ? Il n’y a pas actuellement de majorité parlementaire pour la séparation de l’Église et de l’État, et M. Combes ne la fera pas. Et pourtant nous marchons vers cette réforme ; on nous y pousse ; des incidens comme ceux de ces derniers jours la rapprochent de nous sans la mûrir, et risquent de la précipiter sans l’avoir préparée. Le péril n’est pas aussi imminent qu’on l’avait craint, mais il reste grave. La Chambre et le ministère ont reculé devant lui : seulement on ne saurait méconnaître qu’ils soient sortis de la difficulté par un ajournement et par une équivoque, ce qui ne grandit pas la première et ne consolide pas le second. M. Jaurès ne l’avouera pas : qui sait pourtant s’il ne regrette pas aujourd’hui d’avoir publié la note pontificale ? Et qui sait si le gouvernement ne regrette pas lui-même les suites qu’il a données à cette publication ?
Il serait temps en effet de songer que le pape Pie X n’est pas tenu d’avoir pour la France l’affection très particulière que lui témoignait le pape Léon XIII ; et que, tandis que nous faisons, sans le vouloir peut-être, ou sans le savoir, et dans un pur intérêt de parti, tout ce que nous pouvons pour décourager sa bienveillance, d’autres que nous travaillent dans un autre sens, et par conséquent contre nous. Si nous nous fermons les avenues du Vatican, d’autres que nous saurons les occuper, ou déjà les occupent, et il se pourrait que ce ne fût pas pour y agir ou pour y parler en faveur des intérêts français. Quelle est la nature et l’importance de ces intérêts, nos lecteurs le savent de longue date ; mais d’autres que nous ne le savent pas moins, qui sont attentifs à tout ce que nous faisons pour les compromettre et noue desservir de nos propres mains. Il se pourrait aussi qu’à Rome l’éventualité de la dénonciation du Concordat, et par conséquent celle de la séparation de l’Église et de l’État en France, ne fussent pas envisagées du même œil que naguère. On les redoute assurément toujours, et on ne fera rien pour les provoquer : on ne fera pas tout pour les éviter, ni même beaucoup plus ou beaucoup au-delà de ce qu’on a déjà fait. Si l’on a tort ou si l’on a raison, c’est ce que nous n’examinerons pas aujourd’hui. Nous croyons, pour notre part, que la fidélité de la France n’importe pas moins au prestige et à l’autorité du Saint-Siège qu’aux intérêts de l’Église et du catholicisme en général On l’a bien vu en d’autres temps. Mais ce n’est pas le lieu de nous