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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/830

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VIII

Bismarck s’était montré, dans la Gazette provinciale, satisfait des commentaires rassurans qu’il avait reçus de Vienne et de Paris sur l’entrevue de Salzbourg. Cependant il lança dans ses journaux une courte circulaire à ses agens, qui, sans appuyer, en disait long et qui, sous la satisfaction, contenait des épigrammes et des avertissemens : « Il était facile de prévoir la grande difficulté qu’on aurait à convaincre l’opinion publique qu’un fait comme la rencontre de deux puissans monarques dans la situation actuelle de la politique européenne ne dût pas avoir de signification plus profonde et de suite plus étendue : nous éprouvons encore une plus grande satisfaction à trouver dans les déclarations françaises et autrichiennes l’assurance que la visite de l’empereur Napoléon n’avait pour but qu’un sentiment que nous honorons et que nous partageons, et que les affaires intérieures de l’Allemagne n’ont pas été dans le sens que les premières nouvelles laissaient supposer. Ce fait est d’autant plus satisfaisant que la manière dont l’Allemagne a accueilli ces nouvelles et ces suppositions montre combien peu le sentiment national allemand supporte la pensée de voir la solution des affaires de la nation placée sous la tutelle d’une immixtion étrangère ou guidée par d’autres considérations que celles suggérées par les intérêts nationaux. C’est donc avec une vive satisfaction que nous saluons dans l’intérêt de notre tranquille développement la dénégation formelle de tout projet d’immixtion dans les affaires intérieures de l’Allemagne. Les gouvernemens allemands du Sud pourront attester eux-mêmes que nous nous sommes abstenus de toute pression morale sur leur délibération… La Confédération du Nord ira encore volontiers à l’avenir au-devant de tous les besoins que pourraient avoir les gouvernemens allemands du Sud en ce qui concernerait l’extension et la consolidation des relations nationales entre les deux parties du pays ; mais nous laisserons toujours le soin de fixer les bornes dans lesquelles le rapprochement réciproque devra se maintenir à la libre détermination de nos alliés du midi de l’Allemagne. Nous croyons devoir nous en tenir d’autant plus tranquillement à cette situation que nous trouvons dans les relations réglées qui existent actuellement entre le Nord et le Sud, telles qu’elles résultent des alliances