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grandeur ? À ce titre, il faudrait que la France déclarât la guerre à l’Allemagne, parce qu’en Allemagne, la population croît et se multiplie, tandis qu’en France elle est stationnaire. »


IX

Du côté de la Suisse se montrait un second point noir. Un professeur de philosophie, démissionnaire en 1852, établi à Genève, Barni, obtint de l’Institut genevois de prendre sous son patronage un congrès de la paix et de la liberté. On en attribua à Garibaldi la présidence d’honneur ; on arrêta les questions à examiner, et enfin on lança de toutes parts des convocations.

Des refus retentissans répondirent ; le plus violent fut celui du député démocrate prussien, Schultze-Delitsch, l’initiateur des banques de crédit populaire : « Un point sur lequel personne, chez nous, ne se fait illusion, c’est que nous serons, dans un temps prochain, exposés aux attaques de la France. Cette crainte est entretenue chez nous par les armemens de la France, ses demandes de compensation, ajournées seulement à des circonstances plus favorables, et par l’attitude d’une partie de la presse parisienne. Le sentiment national a pris chez nous une telle force que nous ne souffrirons à aucun prix l’ingérence de l’étranger dans nos affaires. Quelque entrave que la guerre ait apportée à notre progrès intérieur, quelque échec qui en résulte pour le parti démocratique, en présence des tentatives que fait l’étranger pour s’ingérer frivolement dans nos affaires, nous nous levons tous comme un seul homme, prêts à repousser de telles prétentions. Peignez-vous, maintenant, la situation de ces hommes politiques d’Allemagne qui, s’associant à vous dans ces congrès et ligues, lesquels ont, en France, leur origine et leur siège, inviteraient publiquement tous les gouvernemens en général, et les nôtres en particulier, à cesser d’armer, voire à désarmer. Au moment où l’on se prépare en France à nous attaquer, le verdict général ne serait-il pas, à notre égard, que, d’accord avec nos ennemis, nous avons tenté de mettre le pays hors d’état de se défendre ? Tout au moins paraîtrions-nous grossièrement dupés par l’étranger ; nous ne nous relèverions jamais de ce discrédit. » (12 juillet 1867.) Mazzini refusa de même : « Le but, c’est le rétablissement de la Pologne, l’achèvement de l’unité allemande, de l’unité italienne, de l’unité hellénique, la confédération