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surface du globe : la production, au lieu de se borner, comme aujourd’hui, à 3 ou 4 000 tonnes par an, dépassera peut-être alors les chiffres actuels de la fonte et de ses dérivés. Son emploi réduira des deux tiers nos poids morts, alourdissans, remaniera par suite nos véhicules, nos outils de guerre, et, sans doute, contribuera à nous faciliter la navigation aérienne par le plus lourd que l’air.

Sans parler même d’une révolution aussi décisive, remarquons, avec A. Janet, que la hausse continue du cuivre depuis plusieurs années, malgré l’accroissement énorme de la production (153 000 tonnes en 1880, 492 000 en 1900, 518 000 tonnes en 1902), trouve un de ses facteurs dans la demande très considérable qu’en fait l’industrie électrique pour ses machines et surtout pour ses câbles, et que, lorsqu’il s’agit d’un transport d’énergie à 100, 200 kilomètres, le prix d’achat de pareils câbles est un des plus gros élémens du capital immobilisé. Dès lors, on conçoit qu’étant donnée la légèreté de l’aluminium, sa substitution au cuivre, dans ce cas particulier, représenterait certainement une grosse économie. Malheureusement, l’aluminium, inoxydable quand il est pur, mis en contact avec d’autres métaux se corrode rapidement ; il en est de même de ses alliages, pour peu qu’ils manquent d’homogénéité. Une ligne électrique en aluminium ne peut donc, pour l’instant, présenter des garanties suffisantes de stabilité et de bon fonctionnement, car, soit par la faute des isolateurs, soit par les soudures indispensables, un peut toujours craindre sa rupture. Cependant, les producteurs d’aluminium font, en ce moment même, de tels efforts pour fabriquer des câbles offrant toutes les garanties nécessaires, qu’on peut prévoir la solution prochaine de ce problème.

En attendant, pur ou allié au cuivre (bronze d’aluminium), au zinc (laiton d’aluminium), au tungstène (partinium), etc., l’aluminium est déjà employé à la fabrication de services de table, casques, poignées de sabre, boutons, caisses d’automobiles, bâtis de moteurs légers, etc. Enfin, en qualité de combustible (tous les métaux directement oxydables peuvent, en effet, être considérés comme des sortes de combustibles) et, par conséquent, de réducteur, il sert de matière première à cette nouvelle et curieuse branche de la métallurgie, l’aluminothermie, sur laquelle la Revue a déjà appelé l’attention de ses lecteurs et que, par conséquent, nous nous dispenserons d’étudier.