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que dans les hauts fourneaux ordinaires, où cette quantité de chaleur est demandée au charbon lui-même, le minimum indiqué par la théorie s’élève à 650 kilogrammes, au moins.

Prenons, par exemple, le procédé A. Keller, dont l’inventeur, plus heureux que Thomas et Gilchrist, — à qui leurs compatriotes fermèrent la bouche, — a pu faire l’exposition complète, le 8 mai 1903, devant l’Iron and Steel Institute. Dans ce procédé, installé à Livet (Isère), minerai et fondant sont traités à l’intérieur d’un four à réverbère, de 2m,50 de diamètre et de 1m,25 de haut, surmonté d’une sorte de cheminée de 5m,75 de hauteur, dont l’ouverture supérieure sert de gueulard ; base et parois du four et de la cheminée sont constitués par des matériaux acides ou basiques, suivant les besoins, et la mise en marche s’effectue à l’aide d’un certain nombre d’électrodes placées à la partie inférieure de l’appareil. À intervalles réguliers et d’une façon continue, la fonte obtenue est alors coulée dans un four d’affinage rectangulaire, de 2 mètres de long, 1m,25 de large et 1m,25 de profondeur, où la décarburation s’opère comme dans le procédé Martin, mais qui, comme son haut fourneau, est actionné par un puissant courant électrique.

Grâce aux très hautes températures que l’on peut atteindre pendant la durée de l’affinage ; grâce à la pureté de la fonte, — car la faible quantité de combustible nécessaire rend relativement peu coûteux l’emploi de charbon très pur, et l’on n’exploite que des minerais riches ; — grâce, enfin, à la façon dont la chaleur est répartie et à la nature même de la source qui la fournit, on obtient facilement, par ce mode de décarburation, des aciers de composition variée, très homogènes, très résistans, très malléables, comparables et même supérieurs aux aciers au creuset.

Il est évident, d’ailleurs, que le four électrique n’est pas indispensable à l’affinage de la fonte électrique et que, pour la fabrication d’aciers très ordinaires, aciers à rails, par exemple, il peut être avantageusement remplacé par le Bessemer, qui trouve, alors, dans les forces hydrauliques l’énergie nécessaire à son fonctionnement.

Reste la question, capitale, du prix de revient.

Pour la fonte, la commission que le gouvernement du Canada a chargée, il y a quelques mois, de visiter les principales usines à fer électriques d’Europe, estime que, par le procédé A. Keller, le prix de revient ne dépasse pas 53 francs la tonne, résultat