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RÉFLEXIONS HISTORIQUES
SUR
MARIE-ANTOINETTE[1]


Au Comte ***.

Je prie mon ami de lire ce petit ouvrage avec attention, mais sans indulgence et même avec sévérité. Il y a trop longtemps que je souffre d’entendre toujours joindre aux sentimens de pitié qu’on ne peut refuser à la malheureuse Reine ce terrible mais qui détruit tout intérêt ; c’est ce mais que j’attaque, parce que je le trouve injuste. Mon ami le croira sans peine, parce qu’il me connaît : les calomnies qu’on répand contre moi ont été ce qui

  1. En poursuivant les recherches relatives à mes travaux sur les émigrés, j’ai trouvé, parmi les nombreux documens mis à ma disposition avec une bienveillance et une libéralité dont je ne saurais être trop reconnaissant, divers écrits inédits du roi Louis XVIII. C’est l’un d’eux, composé en novembre 1798, que je présente aux lecteurs de la Revue, et non certes le moins curieux, historiquement parlant.
    La lettre à un ami, qui précède cet opuscule, est surtout intéressante parce qu’elle en attesterait l’authenticité, si la preuve à cet égard ne résultait formellement de ce fait qu’il est entièrement écrit, comme la lettre elle-même, l’anonyme, Louis XVIII tenait extrêmement à ce que son ouvrage fût publié. Nous n’avons pu découvrir les motifs qui entravèrent l’exécution de sa volonté. Mais le fait est que le manuscrit est demeuré intact sous l’enveloppe qui le recouvre encore aujourd’hui et sur laquelle un des secrétaires de la Cour de Milan a tracé cette ligne : « Manuscrit du Roi pour justifier la mémoire de la Reine. »
    ERNEST DAUDET.