J’avais envie de prendre pour épigraphe ces charmans vers de Pétrarque qui vont si bien à la Reine et à moi :
- Non la conobbe’l mondo, mentre l’ebbe,
- Conobbi l’io, ch’a pianger qui rimasi.
Mais j’ai craint qu’elle ne m’ôtât le vernis d’impartialité et j’ai préféré un passage fort connu de Tacite qui doit, à mon sens, produire l’effet contraire.
Enfin, je livre mon ouvrage, fait de mon mieux, à mon ami, avec plein pouvoir de tailler, de rogner, même de brûler ; mais, dans ce dernier cas, comme ce serait la faute de l’auteur, je demande que l’ouvrage soit refait, car je tiens à ce que mon but-soit rempli et que ma malheureuse amie soit défendue autrement que par l’emphatique chevalier de Mayer, ou par un autre dont j’ai oublié le nom et qui ne nous a donné qu’un recueil d’anecdotes d’antichambre. Lorsque celui-ci aura passé au creuset, il pourrait être copié et envoyé à Thauvenay[1], qui n’en connaîtrait pas l’auteur, mais qui saurait que j’en désire l’impression ». Il pourrait le faire imprimer chez Fauche, comme un ouvrage qui lui aurait été envoyé de France, ou du moins de partout ailleurs que de Mitau ; il se chargerait des frais d’impression, nous réserverait un certain nombre d’exemplaires et abandonnerait le reste à l’imprimeur ; ensuite, il s’entendrait avec M. Baudus[2] pour faire connaître l’ouvrage, lorsqu’il serait imprimé, par la voie du Spectateur du Nord.