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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/321

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parfait, nous feront, il n’en faut pas douter, dans la supposition contraire, arriver au plus noble but que puissent se proposer lus puissances. » Le 8 mai, Stadion se mit en route : il était en mesure de mener à fin « la négociation instantanée » et d’établir, entre l’Autriche et les alliés, « l’accord le plus parfait, » qui était le « but premier de sa mission[1]. »

Restait à lier Napoléon, le temps qu’il faudrait pour établir les accords. Metternich voit, le 7 mai, Narbonne qui remplace Otto, à Vienne[2]. « Successivement, écrit Narbonne, j’ai fait articuler à M. de Metternich la cession des provinces illyriennes, la dissolution de la Confédération du Rhin, l’abandon des nouveaux départemens réunis (en 1810), la destruction du duché de Varsovie et l’agrandissement de la Prusse. » Il ne parle ni de l’Espagne, ni de la Hollande, ni de Rome, ni de l’Italie, ni de la restitution à l’Autriche de la Vénétie, de la Dalmatie, du Tyrol, du quartier de l’Inn ; mais il fait pressentir que l’Angleterre exigera la Hollande et l’Espagne, que la Russie exigera… l’Italie, — et cela, le jour même où il l’indique à la Russie comme l’une des bases de la paix à proposer à Napoléon ; — ni enfin de la restitution intégrale à la Prusse de ses anciens Etats, ce qui implique l’abandon de la Westphalie. Quatre jours après, il envoie Bubna près de Napoléon, et il restreint encore ses propositions, au moins par la forme vague qu’il y donne[3] : dissolution du duché de Varsovie, renonciation aux départemens réunis en 1810, Hambourg et les bouches de l’Elbe ; l’Illyrie à l’Autriche, « avec une bonne frontière du côté de l’Italie. »

Pas un mot de la reconstitution de la Prusse, ni de la Hollande, ni de l’Italie, ni du Pape, ni de l’Espagne, ni même de la Confédération du Rhin. Bubna l’insinuera seulement, dans les conversations, « comme une réclamation probable » des puissances. Il proposera un congrès à Prague, précédé, si Napoléon le juge opportun, d’un armistice. Si Napoléon, prévenu par Narbonne, ne devine pas qu’au congrès les conditions seront développées étrangement, c’est qu’il a perdu sa clairvoyance habituelle, et, s’il l’a conservée, étant vainqueur sur l’Elbe, il refusera, persuadé qu’en fait, ce qu’on lui demandera, c’est l’abdication du Grand Empire en Hollande, en Allemagne, en Italie.

  1. François à Frédéric-Guillaume, 7 mai 1813.
  2. Rapport de Narbonne, 7 mai 1813.
  3. Instructions à Bubna, 11 mai 1813.