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« Je me suis décidé à faire le sacrifice de mon amour-propre pour le salut de l’empire, » écrivait-il à l’Impératrice-mère, en 1807, après la première accolade. Il mit dès lors autant d’âpreté à poursuivre son dessein que de grâce et d’art à persuader les Français de sa protection magnanime, leur répétant et faisant répéter sans cesse qu’il séparait de la cause de Napoléon celle de leurs libertés et de leurs frontières ; propos d’une politique simple et profonde, qui devaient avoir et eurent pour premier effet de faire considérer comme l’approche du libérateur l’invasion des alliés vers la frontière française. A l’inverse de toutes les invasions, celle-là aurait pour objet de respecter et de garantir ! Il va imposer à ses alliés méfians, jaloux et avides la marche en ayant, sans s’arrêter aux protocoles d’indemnités, sans regarder en arrière les pays vacans, sans loucher sur les terrains vagues, à droite et à gauche du chemin. Prenons d’abord, chacun ensuite reconnaîtra ses prises !

Le 9 septembre, deux traités identiques furent signés à Tœplitz entre la Russie et l’Autriche, l’Autriche et la Prusse. « Elles (les puissances contractantes) n’entendent point porter la moindre atteinte aux engagemens antérieurs et particuliers, également défensifs, qu’elles ont contractés avec leurs alliés respectifs, » c’est-à-dire la Russie avec la Suède, avec la Prusse à Kalisch, avec l’Angleterre à Reichenbach, la Prusse avec l’Angleterre, également à Reichenbach. Elles se promettent, « de la manière la plus solennelle, de n’écouter aucune insinuation ou proposition qui leur serait adressée, directement ou indirectement, par le cabinet français sans se la communiquer réciproquement. » Elles déterminent, dans les articles secrets, comme but de leurs efforts communs en première ligne ces quatre points : 1° reconstitution de l’Autriche et de la Prusse sur le pied de 1805 ; 2° dissolution de la Confédération du Rhin, indépendance absolue des États intermédiaires entre les frontières de l’Autriche et de la Prusse, d’une part, le Rhin et les Alpes, de l’autre ; 3° restitution du Hanovre ; 4° arrangement, entre les trois copartageans, du sort du duché de Varsovie. Elles ajoutent, pour donner à ces quatre points, « toute la précision désirable : » restitution de la 32e division militaire, restitution des pays allemands possédés par des princes français, ce qui signifiait Westphalie et Berg. Et, enfin, pour attribuer au tout « la plus grande étendue possible, » cet article séparé et secret : « Les