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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/345

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hautes parties contractantes n’entendent aucunement préjudicier par l’article précédent, — les quatre points, — aux engagemens qu’elles peuvent avoir contractés avec d’autres puissances dans le sens du but qu’elles se proposent. » Metternich, dont on reconnaît ici la main praticienne, écrit à Hudelist, qui gérait, en son absence, les Affaires étrangères à Vienne[1] : « J’ai si bien tenu la main que, dans la plus large mesure, nous paraissons modérés, et que j’ai fait placer les seuls articles qui concernent la France directement, dans une convention secrète qui n’est connue que des trois cours. ».

Ces arrangemens furent complétés par un traité préliminaire d’alliance conclu à Tœplitz, le 3 octobre, entre l’Angleterre et l’Autriche : il contenait la clause exclusive de « négociations et conventions, autrement que d’un commun accord. » Quelques jours après, le 8 octobre, Metternich conduisit à terme un accommodement presque aussi important à ses yeux, la défection de la Bavière. « La Bavière se dégage des liens de la Confédération du Rhin et elle joindra immédiatement ses armées à celles des puissances alliées ; » amorce à la défection des autres confédérés.

Telles étaient les prétentions des alliés lorsque Napoléon, victorieux à Dresde, tenait encore sur l’Elbe, bien qu’affaibli et entamé sur ses ailes. Le 16 et le 17 octobre, il donna, sous Leipsig, la bataille décisive, la bataille des nations. Le 17, après le second jour, il eut un long entretien avec le général autrichien Merveldt, prisonnier de guerre, qu’il renvoya sur parole. Merveldt avait été mêlé à nombre de négociations, depuis Leoben : on va voir qu’il ne laissait point de se trouver dans la confidence des alliés ; ses propos indiquent dans quel sens il fallait entendre les points préliminaires et ce qui attendait Napoléon si le congrès de Prague s’était ouvert sur ces bases-là[2]. Napoléon le discernait très nettement. — « Cette guerre durera-t-elle toujours ? dit-il. Il serait bien temps de la finir une fois. — Sire, c’est le vœu général, et la paix est dans les mains de Votre Majesté. Il eût dépendu d’elle de la conclure au congrès de Prague. — On n’était pas de bonne foi, on a finassé. » Puis, poussant droit au fait : « Si vous écoutez la Russie, elle est sous l’influence des Anglais, et ceux-ci ne veulent

  1. 9 septembre 1813.
  2. Rapport de Merveldt, 17 octobre 1813, en français.