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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/373

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et l’attention de tous les gradés ; les anciens soldats, eux-mêmes, ne sont pas assez confirmés pour aider à l’instruction de leurs jeunes camarades, loin de là ; il est nécessaire de les surveiller presque autant qu’eux, et, pour assurer leur instruction, de leur faire reprendre leurs « classes » avec les jeunes recrues. Ajoutez à cela que l’instruction était autrefois infiniment moins complexe qu’aujourd’hui : le tir était rudimentaire comme l’arme elle-même, la fortification de campagne à peu près nulle, les formations de combat, de marche, de sûreté, extrêmement réduites en raison même du peu de portée de l’arme ; l’administration, l’habillement, l’alimentation n’offraient aucune des difficultés qu’elles comportent aujourd’hui.

On avait été amené, tout naturellement, à diviser les gradés en deux catégories subordonnées l’une à l’autre, les sergens d’abord, les caporaux ensuite.

Les sergens, généralement de vieux routiers familiarisés de longue date avec tous les détails du service, assuraient alors à tour de rôle la responsabilité de tout le service, intérieur de la compagnie, et, sous le titre de « sergent de semaine » en prenaient la direction. Pour assurer l’exécution du service ce sergent de semaine avait sous sa direction le caporal de semaine d’abord pour l’ensemble du service, puis les caporaux de chambrée pour l’ordre, la discipline, la propreté des chambres, le caporal d’ordinaire pour l’alimentation, les caporaux de section pour la tenue des hommes. Ce service de « semaine » déjà assez léger avec des hommes entièrement dressés, et un service parfaitement réglé, comme il l’était autrefois, ne revenait guère qu’une fois tous les mois, car alors il n’y avait que peu de sous-officiers employés à des services spéciaux, peu de permissions, jamais d’absences bien prolongées. La même remarque s’applique aux fonctions du caporal. Celui-ci est le dernier échelon de la hiérarchie ; c’est sur lui que tout repose, et c’est sur lui aussi que chacun se repose. Le caporal de semaine endosse une responsabilité complète de tous les instans ; avec des hommes complètement bien dressés, une pareille responsabilité était déjà redoutable, avec nos jeunes soldats si peu confirmés, elle devient presque insupportable. Il faut aujourd’hui au caporal de semaine une dose d’énergie, d’activité, de zèle, peu commune, pour arriver à la fin d’une « semaine » sans avoir attrapé quelques consignes, voire quelques jours de salle de police ; et ce service si pénible et si