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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/372

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le mode de recrutement, la méthode d’éducation de ces jeunes gens, sont des réformes nécessaires, indispensables, si l’on veut assurer le rengagement des gradés, mais cela même ne suffit pas.

Il faut également mieux traiter nos sous-officiers.

Lorsque je dis que nos gradés doivent être mieux traités, je n’entends pas qu’on augmente les avantages pécuniaires qu’on leur a faits. Les primes de rengagemens, retraites, promesses d’emplois civils que la loi leur accorde, sont considérables. Il n’est guère possible d’aller plus loin. Aucune autre armée n’offre à ses sous-officiers de pareils avantages, et cependant elles réussissent mieux que nous. Il paraît donc inutile autant qu’impossible d’aller plus loin dans cette voie. Je n’entends pas non plus qu’on augmente les prérogatives immédiates du grade. On a déjà réduit les punitions des sous-officiers au point de les rendre presque illusoires, on a soumis leur cassation ou rétrogradation à des formalités qui équivalent presque à une possession d’état, on a multiplié toutes les facilités de l’existence : permissions permanentes, mariage, habitation en ville ; on a fait appel à la vanité : port de l’épée, vêtemens de drap fin, que sais-je encore ? La question n’est pas là. Ce qu’il faut avant tout, à mon sens, c’est alléger le service même du gradé, dans l’intérieur de sa compagnie, en l’organisant d’une façon plus rationnelle, qui le rende à la fois moins pénible matériellement et plus simple dans son. exécution.

Notre service intérieur est resté organisé sur les mêmes bases qu’au temps où nous avions le service à long terme, où tous les hommes présens avaient plusieurs années de service et où beaucoup même étaient des rengagés. Cependant tout a changé. On comprend facilement que le service intérieur, instruction et surveillance des hommes, bonne tenue des effets et des armes, était, en ces temps-là, autrement facile et simple qu’aujourd’hui.

Les hommes avaient depuis longtemps achevé leur instruction théorique et pratique, on connaissait les bons sujets dont il n’était pas besoin de s’occuper et ceux en petit nombre qu’il convenait d’avoir à l’œil ; les moindres ordres de détail étaient immédiatement compris de tous, souvent même exécutés avant d’avoir été donnés.

Il n’en est plus de même aujourd’hui. L’instruction des nombreux jeunes soldats incorporés chaque année absorbe les forces