- La Figlia di Jorio, tragedia pastorale, Milan, 1904.
Parmi les influences très diverses qui ont contribué à développer, depuis dix ans, le magnifique talent de M. d’Annunzio, aucune n’a été plus profonde peut-être, aucune certainement n’aura été plus durable, que celle de l’œuvre et de la doctrine de Richard Wagner. C’est comme si, du jour où cette doctrine et cette œuvre lui ont été révélées, le poète italien s’était juré de réaliser l’une et de continuer l’autre : tant nous apparaît incessante la préoccupation de l’idéal wagnérien dans ses romans comme dans ses drames, du Triomphe de la Mort à Françoise de Rimini. Et que si, après cela, j’apprenais que M. d’Annunzio n’est jamais allé à Bayreuth, ni jamais n’a lu les Écrits Théoriques du maître allemand, cela confirmerait simplement la justesse de ce que je disais l’autre jour à propos d’Herbert Spencer, qui, pour se défendre de rien devoir à Auguste Comte, soutenait n’avoir jamais lu en entier le Cours de Philosophie Positive. Ne connût-il l’œuvre de Wagner que par des fragmens, ou même par des analyses, M. d’Annunzio a été frappé du puissant rayonnement de beauté qui se dégageait d’elle ; il a compris que, indépendamment de sa valeur musicale, elle avait en soi une richesse, une grandeur, une merveilleuse vitalité artistique qui la rendaient, plus que toute autre, digne d’être à la fois enviée et imitée : et il l’a enviée, et il n’a plus eu de pensée que pour l’imiter. Il l’a imitée, d’abord, dans le roman, et puis, de plus près encore, au théâtre. Toutes ses « tragédies, » comme j’ai eu déjà l’occasion de