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Nous avons essayé de montrer que, si Bossuet était un orateur de la chaire, Bourdaloue en était un autre. Nous avons encore essayé de montrer que, si l’idée de l’éloquence, telle que l’on peut se la former d’après les Sermons de Bossuet, avait peut-être plus de rapports avec le goût de notre temps, celle qui se dégage de la lecture des sermons de Bourdaloue en avait au contraire davantage avec le goût du XVIIe siècle : nous avons encore essayé de montrer que l’un des caractères de cette éloquence étant d’être une « éloquence parlée, » toutes les améliorations que la philologie s’efforcera d’apporter au texte ne pourront qu’accentuer ce caractère. De quelque façon qu’il composât, Bourdaloue ne « récitait » point en chaire des discours plus « écrits » que parlés. Il a été un orateur dans toute la force du terme, on veut dire de ceux dont les idées se manifestent naturellement sous une forme oratoire. Et nous avons enfin essayé de montrer qu’entre les caractères de son éloquence et les exigences de l’esprit de son temps, s’il y avait une étroite convenance, la convenance, moins apparente peut-être, n’était pas moins profonde, entre ces mêmes caractères et les exigences éternelles de l’enseignement moral et religieux. A cet égard, — et si d’ailleurs il est bien entendu que le mot n’emporte aucune idée de supériorité absolue, ni même de comparaison, et ne va pas plus loin que la constatation d’un fait, — il est, et il demeurera le plus « classique » de nos grands orateurs.


FERDINAND BRUNETIERE.