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que Thouin et ses successeurs ont appelé la « greffe par approche, » et qu’il ne faut pas confondre avec la « greffe par rapprochement, » qui n’en est que le préambule. On s’est servi de cette greffe par approche pour sauver des arbres en substituant de jeunes racines à de vieilles racines fonctionnant mal. On l’a encore utilisée pour faire passer la tête d’un arbre sur une autre tige, ou pour donner à une même tête plusieurs tiges et plusieurs racines. C’est le procédé de choix pour multiplier, des espèces. précieuses sans compromettre leur existence.


IV

De quelle nature sont ces phénomènes à la fois si communs et si curieux ? c’est-à-dire, de quels autres faits analogues de la vie végétale peut-on rapprocher la greffe ? Les physiologistes botanistes du siècle dernier ont cru le deviner. Ils ont assimilé le greffage des rameaux à l’opération de la bouture, le greffage des bourgeons à une germination, et la greffe par approche au marcottage. Mais, bien longtemps avant les modernes, avant les Thouin et les Candolle, les botanistes de l’antiquité avaient aperçu les mêmes rapports et fait les mêmes rapprochemens. Le disciple et successeur d’Aristote, Théophraste, le moraliste des Caractères et aussi l’auteur d’une histoire des plantes, avait déjà comparé les greffes à une plantation ou à un bouturage.

De fait, le rameau greffé se comporte vis-à-vis de la plante nourricière comme une bouture vis-à-vis du sol où elle s’alimente. — Et, d’autre part, les bourgeons étant envisagés comme des individus végétaux complets, le développement individuel du bourgeon greffé ressemble singulièrement à la germination de la graine. C’est seulement le rôle de la terre humide. — Il y a quelque analogie, enfin, entre la greffe par approche et le mode de culture qui est connu sous le nom de « marcotte. » Celui-ci consiste, ainsi que l’on sait, à coucher dans le sol un rameau qui reste attaché au tronc qui le porte jusqu’à ce que, le nouvel enracinement étant obtenu, on puisse sans dommage séparer de la souche mère la branche maintenant émancipée, c’est-à-dire, en un mot, la sevrer.

Les trois procédés dont il vient d’être question, les greffages par rameau, par bourgeon et par approche sont, comme nous l’avons dit, des greffes proprement dites. Dans ce cas, le greffon, — par exemple,