la Russie a décidé qu’ils cesseraient d’exercer le droit de visite. Cette décision a été notifiée au gouvernement anglais, qui s’est déclaré satisfait. Souhaitons, comme on l’annonce déjà, qu’un nouvel incident, celui du Knight Commander, coulé par un croiseur russe, se termine ainsi à l’amiable.
Nous ignorons si, comme on l’a dit, d’autres puissances, et particulièrement la France, ont prêté leurs bons offices à la combinaison heureuse pour tous qui a prévalu. Quoi qu’il en soit, la Russie s’est montrée sage en s’y ralliant. L’état de l’opinion britannique permettait de tout craindre et la moindre maladresse commise ailleurs aurait mis le feu aux poudres. Nous pourrions rappeler ici des souvenirs que nous aimons mieux oublier. Ce n’est pas la première fois que l’Angleterre, sous le coup d’une émotion dont elle ne semble pas maîtresse, émet des exigences qui seraient de nature à troubler la paix générale, si elles ne rencontraient pas, de l’autre côté, une résolution encore plus ferme de la maintenir, ou du moins de ne pas la laisser à la merci d’un incident d’ordre secondaire. Mais, certes, nous ne sommes pas encore dans l’Arcadie rêvée par nos socialistes, où les conflits entre nations ne seront plus réglés que sous la houlette d’un arbitre, après le désarmement universel !
Nous ne parlerons que pour mémoire des dernières séances de la Chambre des députés ; mais il faut bien dire quel a été le résultat des travaux de la commission d’enquête formée au moment où a éclaté pour la seconde fois le scandale du million des Chartreux. Ce scandale, on s’en souvient, a été porté à la tribune par M. Combes lui-même, et, cédant à sa première impression, qui a été vive, la Chambre s’est montrée disposée à prendre de grandes mesures. Mais elle s’est calmée très vite.
La commission, comme il fallait s’y attendre, n’a rien trouvé de ce qu’elle cherchait, ou du moins elle n’en a pas trouvé la preuve : la Chambre n’a pas voulu voir autre chose. Elle s’est empressée de jeter un voile sur les désordres qui étaient apparus dans plusieurs de nos administrations, et plus particulièrement dans l’administration judiciaire. Les mœurs inquiétantes de quelques-uns de nos magistrats, l’introduction trop évidente de la politique dans la justice, l’invocation de ce que M. le procureur général près la Cour d’appel a appelé lui-même « le fait du prince, » tout cela, après avoir frappé l’attention de la Chambre, ne l’a pas retenue. Quand la discussion s’est ouverte, on savait qu’elle avorterait. La commission avait rempli son devoir,