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d’abord avec traction de chevaux, trois petites lignes. Après la révolution qui avait séparé la Belgique de la Hollande, les villes industrielles du Rhin sollicitèrent du (gouvernement prussien la construction d’un chemin de fer allant jusqu’à la frontière belge, de façon à profiter du port d’Anvers. Cologne prit l’initiative et fonda une Compagnie, à la tête de laquelle fut placée Ludolf Camphausen. Aix-la-Chapelle, craignant pour ses intérêts, créa, sur le conseil et avec la participation de Hansemann, une société rivale qui demanda la concession souhaitée par les gens de Cologne. Une entente intervint, après de longues négociations dans lesquelles Hansemann eut naturellement un rôle prépondérant : lors de la constitution définitive du chemin de fer rhénan (1837), il fut nommé vice-président de la direction. Peu de temps auparavant il avait publié un volume intitulé : Les chemins de fer et leurs actionnaires dans leurs relations avec l’Etat. Cette étude venait d’autant plus à son heure que l’on discutait la question de savoir dans quelle mesure l’Etat devait s’intéresser aux chemins de fer, s’il devait construire et exploiter lui-même, et que les chemins de fer eux-mêmes comptaient encore des adversaires. Le problème envisagé par l’auteur était de trouver la justification de la construction par l’Etat ou, à défaut, de déterminer les conditions dans lesquelles l’industrie privée est appelée à établir et à exploiter les chemins de fer, en tenant compte des intérêts généraux de l’État et des intérêts particuliers des actionnaires. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé, l’ouvrage présente surtout un intérêt rétrospectif, comme exprimant les vues d’un homme prudent et réfléchi : l’idéal pour lui, c’est que l’Etat construise et exploite, en se contentant de rémunérer les capitaux dépensés, sans faire de bénéfices qui pourraient être absorbés par les besoins généraux du budget ; l’industrie privée ne construira que les lignes avantageuses. Mais, au moment où il écrivait, des obstacles presque insurmontables s’opposaient à l’exécution de ce programme, et il fallait accepter le concours des particuliers, qui donnait les moyens d’arriver au but ; il fallait accorder aux actionnaires une rémunération du capital engagé, supérieure au revenu des fonds d’Etat, afin d’attirer les capitaux ; il était nécessaire de prescrire l’amortissement du capital et de réserver les droits de rachat par l’État ; enfin, il était indispensable d’arrêter à l’avance le plan du réseau prussien et le programme des travaux. Hansemann eut la satisfaction