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de rencontrer des approbateurs nombreux, notamment le Kronprinz[1] de Prusse, et bien que toutes ses indications n’aient pas été suivies, il a exercé une incontestable influence sur la législation. Il eut l’occasion, en 1838, de publier une critique de la loi des chemins de fer.

La construction du chemin de fer rhénan ne se fit pas sans difficulté : une augmentation du capital eut lieu, 6 000 actions furent cédées avec une légère prime à un syndicat de banquiers de Cologne ; une baisse survint ; le Conseil d’administration reprit 4 000 actions, moyennant une indemnité de 200 000 thalers, et, ne pouvant déterminer le gouvernement prussien à les acheter, il finit par les vendre au gouvernement belge : il s’exposait ainsi à des attaques en Allemagne d’autant plus qu’il n’assurait pas l’achèvement des travaux. Quelques années plus tard, Hansemann dut négocier avec le gouvernement prussien une avance d’argent et une garantie d’intérêt sur un emprunt : grâce à cela, en 1843, on put inaugurer la ligne Cologne-Aix-la-Chapelle-Herbesthal-Verviers, qui ouvrait au trafic une route jusqu’à Anvers. Peu de temps après, à la suite d’un conflit avec le chef de la maison Oppenheim, de Cologne, conflit dans lequel la majorité des actionnaires se prononça pour Oppenheim, Hansemann donna sa démission de vice-président : il avait voulu faire sortir du Conseil Oppenheim qui, administrateur et banquier, lui paraissait sacrifier les intérêts de la compagnie à ses intérêts particuliers.

Il s’intéressa ensuite à diverses entreprises de chemin de fer, qui ne furent pas heureuses ; il y eut un engouement de la spéculation pour les actions de chemins de fer, qui aboutit à une crise : le gouvernement l’aggrava en interdisant de négocier les titres non libérés à la Bourse.

En 1844, David Hansemann céda sa maison de commerce à son associé Stoltenhoff, tout en restant son commanditaire pour 70 000 thalers ; il plaça le reste de sa fortune, 50 000 thalers, dans une fabrique de draps à Eupen, dont son fils aîné Adolphe prit la direction. Libre de la sorte, il se donna tout entier à la politique, bien qu’il continuât de payer patente comme négociant afin d’avoir le droit, le cas échéant, de faire des affaires. Il s’occupa surtout des affaires publiques, des questions économiques

  1. Plus tard Frédéric-Guillaume IV.