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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/914

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et commerciales, de la réforme de la Banque de Prusse et il développa ses idées dans des brochures. Il commença son activité parlementaire comme député suppléant pour Aix-la-Chapelle à la diète provinciale rhénane, en 1845. On a conservé la liste des livres que Hansemann emporta avec lui à Coblentz : 121 volumes traitant de questions politiques et économiques. Un décret royal convoqua pour le 11 avril 1847 les membres des diverses assemblées provinciales à Berlin pour former la diète commune de Prusse, à laquelle étaient concédés divers droits financiers, en temps de paix, et le droit de pétition pour les affaires d’ordre général.

Hansemann, qui avait alors cinquante-sept ans, combattait depuis dix-sept ans pour l’octroi d’une constitution ; il était connu pour ses idées libérales et sa compétence financière. Il prit une part considérable à la discussion, prononça de nombreux discours, dans lesquels il parla de l’avenir réservé à la nation allemande et de ses intérêts maritimes, dans lesquels il traita les principaux sujets du jour[1]. Son biographe fait remarquer qu’il se montra tacticien consommé.

Il n’était pas un opposant systématique et intransigeant : il défendit le projet du gouvernement abolissant l’octroi municipal sur la farine et la viande, établissant un impôt sur le revenu supérieur à 400 thalers, avec déclaration obligatoire. Le projet fut d’ailleurs rejeté.

L’attitude de l’opposition, notamment dans différentes questions auxquelles le Roi attachait de l’importance, avait produit un très mauvais effet sur le monarque : pour marquer son mécontentement, il s’abstint de paraître à la clôture de la session et fit exclure des fêtes de Cour 137 députés qui avaient signé une déclaration des droits. En province, les députés libéraux furent reçus avec enthousiasme. Hansemann et son collègue Mevissen, de Cologne, entrèrent en contact avec les libéraux modérés du Sud de l’Allemagne, en vue d’élaborer un programme commun de réforme.

Lorsque, après les événemens de mars 1848,

  1. « L’administration financière n’est pas pour moi seulement l’exécution du budget des dépenses et des recettes, mais l’administration de toutes les ressources, de tous les moyens de l’Etat, l’harmonie de toutes les branches. » Discours contre l’emprunt du chemin de fer de l’Est. C’est alors que Hansemann dit que le premier devoir d’une assemblée parlementaire est d’être très exacte en matière de finances. « Bei Geldfragen hört die Gemütlichkeit auf. » « Dans les affaires d’argent cesse toute sentimentalité, la raison seule doit nous conduire. » Cette phrase eut un succès de fou rire en sa prud’homie.