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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


Pendant que nous écrivons, une bataille se livre en Extrême-Orient entre les Japonais et les Russes. Tout fait croire qu’elle sera très importante ; mais nous n’en connaissons encore que les premiers détails. La hardiesse et la confiance des Japonais s’y manifestent plus que jamais. On croyait que, occupés au siège de Port-Arthur, ils attendraient de l’avoir terminé pour rassembler leur effort contre Liao-Yang ; de même qu’ils auraient pu livrer d’abord bataille au général Kouropatkine et, s’ils l’avaient gagnée, se retourner contre Port-Arthur, dégagés de toute préoccupation sur leurs derrières. Mais ils poursuivent les deux objectifs en même temps. Quel sera le résultat d’une double manœuvre aussi audacieuse ? Nous le saurons bientôt.

L’avenir, même le plus rapproché, échappe à nos prévisions ; voyons plutôt le passé d’hier. Depuis trois semaines, les événemens se sont précipités avec une extrême rapidité. C’est le 10 août que la flotte russe a essayé de sortir de Port-Arthur, résolution héroïque, mais imprévue, qui a inspiré des craintes sérieuses sur la situation de la place. Le souvenir de la flotte espagnole enfermée, et, comme on l’a dit, « embouteillée » dans le port de Santiago de Cuba, était encore présent à toutes les mémoires : l’impression générale a été que la flotte russe ne voulait pas rester exposée au même sort, et qu’elle était prête à tout risquer pour s’y soustraire. Malheureusement le succès a manqué à l’entreprise. Pendant quelques jours on a attendu les nouvelles avec une grande anxiété. Qu’allait-il arriver ? Le blocus serait-il forcé ? L’escadre russe tromperait-elle la vigilance ou brise-