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Port-Arthur un petit atelier de réparations, et, bientôt après, à Dalny, un atelier de 2 760 mètres carrés, où purent être exécutées les réparations de chaudières et de machines les plus sérieuses. Il aménagea le port de Dalny de manière à recevoir des navires de 380 pieds de long, en attendant l’achèvement d’un nouveau bassin qui devait permettre l’entrée de navires encore plus longs. Il fit construire des docks et des quais. Pour compenser celles des conditions défavorables qui ne pouvaient être supprimées, l’Est-Chinois comptait sur les bénéfices que faisaient espérer le développement économique du Japon et de la Chine, le fonctionnement du Transsibérien, le mouvement commercial ascendant de l’Extrême-Orient. Il se proposait d’établir des agences dans tous les marchés de quelque importance, et Dieu sait s’il en a surgi depuis quelques années dans les mers de Chine et du Japon !

Quoi qu’il advienne, après la guerre actuelle, des espérances et des prévisions de l’Est-Chinois, la création de son Service maritime mérite de faire époque dans les annales de la marine marchande russe. La formation d’une flotte commerciale dans les eaux mêmes du Pacifique était bien le complément naturel des efforts de tout ordre accomplis par les Russes en Extrême-Orient. Une fois encore, l’initiative maritime a concordé avec un ensemble de mesures économiques ou politiques qui toutes concouraient au même but. Lorsqu’ils se furent installés sur le golfe du Petchili, qu’ils y eurent fondé un port de commerce et un port de guerre en eaux libres, qu’ils y eurent amené leurs rails, qu’ils en eurent occupé ou surveillé les abords, en un mot qu’ils eurent élargi et consolidé leur base d’opérations au nord de la Chine, les Russes ne se contentèrent plus de la desservir régulièrement au moyen de la flotte d’Odessa : ils voulurent qu’elle pût se suffire à elle-même, vivre d’une vie propre et indépendante, desservir à son tour d’autres parages et d’autres régions. De même qu’ils avaient été amenés à faire venir de la Mer-Noire dans le Pacifique une bonne partie de leurs cuirassés et croiseurs, de même ils furent conduits à former dans les mêmes eaux une flotte commerciale autonome. Leur littoral asiatique ne pouvait continuer à dépendre, pour ses communications maritimes les plus rapprochées, d’un port distant de plusieurs milliers de lieues ; la Mer-Noire ne pouvait être le point de concentration exclusif de leurs