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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/727

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SOUVENIRS D’UN DIPLOMATE

RÉCITS ET PORTRAITS DU CONGRÈS DE BERLIN

I
LES ORIGINES ET LA CONSTITUTION DU CONGRÈS

Je ne prétends point faire ici l’histoire du Congrès de Berlin ; il appartiendra aux écrivains de l’avenir d’en exposer complètement les origines, les actes et les conséquences. Mon travail est beaucoup plus modeste, et je voudrais seulement résumer les souvenirs que j’ai gardés de la haute assemblée dont j’ai été secrétaire, exposer la scène et les personnages, les principales questions discutées et les décisions majeures. Toutefois cet événement a été trop considérable, il se rattache trop étroitement aux péripéties qui l’ont précédé et qui avaient modifié profondément la face de l’Europe, il a trop fortement réagi sur les affaires générales, pour qu’il soit possible de l’envisager isolément et de s’abstenir de commentaires. On n’en donnerait qu’une idée fausse, si l’on se bornait à retracer ses débuts et ses conclusions immédiates ; il me faut donc élargir le champ de cette étude, et présenter quelques observations préliminaires pour éclairer le tableau.


I

Il y a en effet une disproportion évidente entre l’objet strictement officiel du Congrès et sa vaste envergure, entre le programme étroit de ses délibérations et la place qu’il occupe dans les dernières années du XIXe siècle. Convoqué exclusivement pour