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patauger « dans quelques réserves embarrassées. » Vainement ont-ils essayé de s’en tirer par une « pitoyable échappatoire ; » vainement une association soi-disant nationale républicaine et, plus exactement, nationaliste-républicaine, a-t-elle entrepris de « remonter de leur premier désappointement, à grand renfort d’audace, » les journaux progressistes : « les organes d’une opposition plus accentuée et plus franche, sans être plus violente, » ont dû, malgré qu’ils en eussent, confesser la puissance de M. Combes. « Toutes les Croix de France ont tressailli d’horreur. Tous les journaux de sacristie en ont poussé des cris de colère. »

Et conculcabis leonem et draconem ! M. le président du Conseil a mis le pied sur la tête du lion et du dragon. Le bras du nouvel archange ne brandit pourtant, en guise d’épée, qu’un rayon, et son armure n’est faite que de lumière. Il est pur, pur, pur, comme le Chevalier au cygne. « Aussi n’est-ce plus que pour la forme et du bout des lèvres qu’ils (ces gens-là,… ce monde-là !…) imputent la victoire du cabinet à la pression administrative et à l’intimidation. Comme si une telle pression était possible à un gouvernement dépourvu des moyens de l’exercer ! Comme si l’intimidation pouvait se concevoir dans un régime de libertés publiques, qui soustrait le dernier des citoyens à l’autorité arbitraire du pouvoir ! » Non, non ! c’est bien un succès sans mélange, et c’est un succès sans revanche, décisif et définitif, sur « les tenans de toutes les réactions ; — de la réaction royaliste, dont le représentant se morfond piteusement dans les intrigues impuissantes de l’exil (ah ! qu’en termes galans M. Combes sait exprimer un sentiment délicat ! ), de la réaction bonapartiste, qui guette inutilement derrière quelque caserne l’occasion d’un coup de force ; de la réaction nationaliste, qui ne rougit pas de prostituer le patriotisme à la résurrection du pouvoir personnel ; de la réaction cléricale, la plus insidieuse et la plus redoutable de toutes, parce qu’elle est le trait d’union des trois autres et qu’elle déguise, sous un masque républicain, son projet d’asservissement intellectuel et moral. »

Cela fait, tout compté, quatre réactions ; et il y en a, suivant les besoins de la cause, encore une cinquième, la réaction progressiste (quel magnifique accouplement de mots ! ) « soi-disant nationale républicaine et, plus exactement, nationaliste républicaine. » Dans la première candeur de son ministère. M. le