Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES


L’ASILE


Je reviens de la ville où m’appela l’automne
A ma maison des champs où m’invite l’été,
Et mon cœur doucement se recueille et s’étonne
En retrouvant ces lieux que mes pas ont quittés.

La vigne vigoureuse enguirlande la porte
Et son jeune feuillage y fête mon retour,
Qui, lorsque je partis, mêlait sa feuille morte
Au sable jaune où s’enfonçait mon talon lourd.

O Maison, je dépose à ton seuil la sandale
Et je suspends au mur la laine du manteau !
Mes pieds nus marcheront encore sur la dalle
Et je respirerai ton air frais comme une eau.

Me voici. Faudra-t-il, hélas ! que je te dise
Le temps que mon absence a passé loin de toi,
Et la longue saison intermittente et grise
Où je n’ai pas dormi sous l’ombre de ton toit ?